Le 4 avril 2024, un vote décisif s’est tenu à l’Assemblée nationale : les députés présents ont adopté à l’unanimité la proposition de loi visant à interdire les PFAS dans certains produits du quotidien. Le texte sera soumis au vote au Sénat en séance plénière le 30 mai. Ces polluants, omniprésents dans notre environnement, menacent notre santé et celle des écosystèmes. Il est donc essentiel que cette proposition de loi soit adoptée sans amendements susceptibles de l’affaiblir.
Les PFAS, pour substances per- et polyfluoroalkylées, sont aussi surnommés « polluants éternels » du fait de leur difficulté à se dégrader dans l’environnement. Le dossier de restriction européen [présenté à l’Agence européenne des produits chimiques lorsqu’un Etat membre souhaite faire interdire l’usage d’une substance à l’échelle de l’Union européenne] mentionne l’existence de plus de dix mille substances PFAS.
Les PFAS sont utilisés dans presque tous les secteurs industriels : chimie, transports, appareils médicaux… Ils sont aussi présents dans des produits exposant directement les citoyens : textiles, matériaux en contact alimentaire, cosmétiques, et même lentilles de contact.
Les rejets de PFAS dans l’environnement s’élèvent à 75 000 tonnes en 2020 dans l’Union européenne, et si rien n’est fait, 4 millions de tonnes seront émises durant les trente prochaines années. Comme révélé par le Forever Pollution Project et d’autres études, l’ensemble de notre environnement est contaminé. Les êtres vivants, y compris les humains, ne font pas exception : nous avons tous du PFOS et du PFOA, deux substances cancérigènes, dans notre sang selon Santé publique France.
Des effets néfastes sur la santé
En 2015, plus de deux cents scientifiques demandaient déjà l’arrêt des usages non essentiels des PFAS, en alertant sur les effets néfastes des PFAS à chaîne longue et sur les risques de leur remplacement par des PFAS à chaîne courte, également persistants.
Depuis, les preuves de la toxicité s’accumulent, y compris sur les PFAS à chaîne courte. Il est désormais admis qu’une exposition aux PFAS les plus étudiés est associée à des effets néfastes sur la santé : toxicité hépatique, augmentation du taux de cholestérol, obésité, dépression des fonctions immunitaires, perturbation des hormones thyroïdiennes, réduction du poids à la naissance et augmentation du risque de certains cancers.
Il n’est plus question de seulement anticiper ; les enfants naissent déjà avec des PFAS dans leur corps et sont encore exposés par le biais du lait maternel. En conséquence, plus de 14 % des adolescents européens ont des taux de PFAS dans leur corps supérieurs aux recommandations sanitaires de l’EFSA [Autorité européenne de sécurité des aliments].
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