![](https://i3.wp.com/img.lemde.fr/2024/05/27/0/0/5388/3592/1440/960/60/0/ede15ea_1716784012206-maxpeopleworldtwo282474.jpg?w=1200&resize=1200,0&ssl=1)
« Quand à bride abattue/ Les giboulées se ruent/ Je cherche ton nom/ Oh j’en meurs mais je sais/ Que tous les éperviers/ Sur mon âme veilleront… » Chanté en ouverture de soirée par la voix apaisante de Morgane Imbeaud, le deuxième couplet de Col de la Croix-Morand semble désigner tous ceux qui, ce samedi 25 mai, ont choisi de rendre hommage à son auteur, le musicien Jean-Louis Murat.
Sidérés, il y a un an jour pour jour, par la brutale surprise de sa mort, d’une embolie pulmonaire, à l’âge de 71 ans, les bienveillants « éperviers » – soit une vingtaine de musiciens, mais aussi un écrivain, une cinéaste… – se retrouvaient à Clermont-Ferrand, à l’initiative de la salle de la Coopérative de mai, pour un concert à guichets fermés. Baptisé « Te garder près de nous », celui-ci tenait autant de la célébration que de la thérapie de groupe.
A quelques kilomètres de la demeure isolée du dandy paysan, à Douharesse, sur la commune d’Orcival, et des paysages de montagne qui n’ont cessé d’irriguer son répertoire, la scène de musiques actuelles de la métropole arverne, à la jauge de 1 500 places, peut revendiquer un sentiment de proximité. D’autant que la direction du spectacle a été confiée à des intimes, à l’instar du « directeur musical », Denis Clavaizolle, multi-instrumentiste et compositeur associé à une douzaine d’albums du chanteur, du milieu des années 1980 à 2023.
Dans l’urgence, le fidèle complice a structuré un noyau d’instrumentistes (lui-même aux claviers et à la guitare ; son fils Yann Clavaizolle à la batterie ; Guillaume Bongiraud au violoncelle et à la basse), et lancé ses invitations. La date n’était pas compatible avec l’emploi du temps d’admirateurs comme Benjamin Biolay, Camille ou Carla Bruni, « mais la plupart des réponses ont été rapides et enthousiastes », constate le claviériste.
« Professeur en mélancolie »
Trois livres parus récemment – Jean-Louis Murat. Le lien défait, de Franck Vergeade (Séguier, 208 pages, 21 euros), Jean-Louis Murat. Les jours du jaguar, de Pierre Andrieu (Le Boulon, 252 pages, 34 euros) et Jean-Louis Murat. Foule romaine, d’Antoine Couder (Seveninches/Le Boulon, 126 pages, 12 euros) – rappellent l’impact essentiel qu’a eu le ténébreux chanteur sur la scène pop française. Malgré un succès commercial aléatoire, Murat aura été l’un des premiers, avec Alain Bashung, à savoir concilier une passion pour le rock anglo-saxon et une exigence d’écriture digne des meilleures plumes francophones.
« Un peu comme le Velvet Underground, son influence artistique a été inversement proportionnelle à son succès commercial, une fois passé les disques d’or de Cheyenne Autumn [1989] et Le Manteau de pluie [1991] », analyse, en coulisses, le musicien Alex Beaupain, après avoir interprété, avec Frédéric Lo, des versions délicates de Fort Alamo et Le Train bleu, tous deux tirés de Dolorès (1996).
Il vous reste 59.6% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.