![](https://i0.wp.com/img.lemde.fr/2024/05/15/178/0/1938/1292/1440/960/60/0/1296af0_1715778680616-8158yfg1ypl-sl1500-ha-ra-sie.jpg?w=1200&resize=1200,0&ssl=1)
A l’occasion de la Pentecôte, fête qui symbolise pour les chrétiens la naissance de l’Eglise universelle, voici six ouvrages parus récemment levant chacun un pan de voile sur l’histoire des institutions ecclésiales, notamment catholiques, à travers les âges et le monde.
« Hérésies chrétiennes dans l’Orient médiéval (IVe-XVe siècle) », collectif, Presses universitaires de Rennes, 132 pages, 18 euros
Comment se construit une hérésie chrétienne ? « Au moins jusqu’à la fin du XXe siècle, les chercheurs pensaient que les personnes accusées d’hérésie étaient des gens qui persistaient à adhérer à des doctrines contraires à l’enseignement (…) des Pères de l’Eglise (…) affiné par les conciles », souligne l’historien Robert Ian Moore dans la préface. Depuis, la recherche est venue souligner combien les considérations sociopolitiques (voire économiques) comptent au moins autant que les querelles théologiques. Cet ouvrage apporte une pierre à l’édifice, en s’intéressant à différents mouvements orientaux rejetés comme hérétiques.
Ainsi en a-t-il été aux IVe et Ve siècles d’une myriade de communautés d’ascètes de Cappadoce (Turquie actuelle) ou du Levant, qui s’attirèrent l’ire des évêques puis, sous l’influence de ces derniers, des empereurs romains.
Ces moines refusaient certes des dogmes importants, tels le mariage ou de boire du vin – fût-il de messe. Mais au fil des pages, on comprend qu’il leur était surtout reproché de défier l’autorité des évêques, de ne pas partager les offrandes de leurs fidèles avec la hiérarchie ecclésiale, ou d’avoir la mainmise sur les auspices et les œuvres caritatives.
Leur situation résonne (sans s’y identifier) avec celles d’hérésies plus connues, comme les ariens, les manichéens, les gnostiques ou les cathares. L’étude des mouvements orientaux semble toutefois plus aisée que pour ces derniers. Moins « chargée de passions identitaires », elle ne se « crispe » pas « sous la pression d’enjeux confessionnels ou mémoriels », conclut l’historienne Alessia Trivalonne, qui dirige cet ouvrage érudit et passionnant. G.S.
« Lettres de Nagasaki. Les chrétiens japonais au milieu du XIXe siècle d’après les Missions étrangères de Paris », de Sylvie Morishita, Cerf, 346 pages, 26 euros
Le christianisme, introduit au Japon par des jésuites au XVIe siècle, fut violemment réprimé entre 1641 et 1853, période où l’archipel s’est coupé du monde. Il y a néanmoins perduré, et les chrétiens japonais réapparaissent dans les radars occidentaux au milieu du XIXe siècle. C’est à cette période que s’intéresse cet ouvrage, à travers les lettres de quatre missionnaires français relatant leurs impressions après la découverte de milliers de catholiques japonais ayant survécu aux persécutions.
Il vous reste 72.26% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.