EDF prévoit que l’EPR de Flamanville (Manche) injectera pour la première fois de l’électricité dans le réseau national « à l’été 2024 », avec douze années de retard sur le calendrier prévu pour ce réacteur nucléaire de troisième génération, selon un communiqué diffusé mercredi 27 mars.
En décembre 2023, l’opérateur tablait sur un raccordement à la « mi-2024 », jusqu’à l’annonce, mardi, par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN, gendarme du nucléaire) selon laquelle le chargement du combustible était repoussé à la mi-avril au mieux.
« L’EPR de Flamanville-3 est techniquement prêt pour engager sa mise en service », souligne EDF dans son communiqué. L’ASN a décidé de lancer une consultation du public « du 27 mars au 17 avril sur son projet de décision autorisant sa mise en service », rappelle l’énergéticien dans son communiqué.
L’annonce de l’ASN, qui rendra son avis de mise en service à l’issue de cette consultation, avait fait craindre un nouveau retard conséquent pour ce chantier fleuve du réacteur normand, marqué par de nombreux dérapages de coûts et de calendrier depuis le lancement de sa construction il y a dix-sept ans.
Douze ans de retard
« Cette nouvelle étape de la procédure permet désormais d’envisager d’ici à quelques semaines le premier chargement en combustible nucléaire du réacteur », poursuit EDF. Les opérations de démarrage pourront ensuite se poursuivre jusqu’à la montée en température et en pression de la chaudière, puis la montée en puissance du réacteur.
« A 25 % de puissance, l’unité de production sera connectée au réseau électrique national », expliquait EDF en décembre 2022.
Si le démarrage se confirme à l’été 2024, il interviendra donc avec douze années de retard sur le calendrier prévu, pour une facture totale désormais estimée à 13,2 milliards d’euros, selon EDF, soit quatre fois le budget initial de 3,3 milliards.
Multiples défis pour EDF
Porté par un regain d’intérêt pour l’atome, EDF compte déployer des réacteurs de troisième génération en France et en Europe à une échelle « industrielle », avec un objectif désormais de « deux par an », contre un ou deux par décennie actuellement.
Le pari est ambitieux compte tenu des dérapages de coûts et des délais à répétition, incarnés par l’EPR de Flamanville.
Le défi industriel est colossal pour le groupe, lesté d’une dette abyssale – soit 54,4 milliards d’euros – et critiqué pour les déboires de ses chantiers EPR. D’autant qu’EDF doit aussi répondre à la relance d’un programme nucléaire en France pouvant aller jusqu’à dix-huit réacteurs EPR-2 – une version améliorée de l’EPR – et mener à bien ses deux programmes anglais – Hinkley Point, dont le retard pourrait attendre six ans, et Sizewell.