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MYCANAL – À LA DEMANDE – SÉRIE AUDIO
Disons-le d’emblée : c’est raté. Et c’est d’autant plus dommage que cela donnait envie, cette histoire d’amour (sans images, rien que des mots et des souffles) écrite par Maria Pourchet (Feu, Fayard, 2021) et incarnée par Céline Sallette et Arthur Teboul.
Au commencement, donc, était le texte : un homme (épisode 1 : il est prof) et une femme (elle est romancière), une histoire d’amour sans se voir, un jeu et quelques règles. C’est le Love Club 2.0. Règle numéro un : « Vivre notre histoire d’amour en se la racontant seulement, tour à tour, par SMS, mail, message vocal ou téléphone. » Règle numéro deux : « A chaque fois, d’une manière ou d’une autre, baiser », etc. Et enfin : « Tout manquement à ces règles constitue un dealbreaker » (« rupture de contrat », ça doit mieux sonner en anglais).
Ajoutons que l’on aurait adoré adorer, ayant volontiers l’âme enthousiaste et le cœur artichaut. Mais, malgré quelques trouvailles, Maria Pourchet s’embourbe. Elle enfonce des portes ouvertes (fiction versus réalité, digressions sur le pouvoir du langage : au secours !). Qu’à force de punchlines, cela sonne comme une pub des années 1980. Et qu’à multiplier les pistes, elle perd l’auditeur en chemin, qui n’en peut plus de cette histoire d’incommunicabilité et n’a qu’une envie et plusieurs possibilités : couper court ; réécouter Claire Richard et ses Chemins de désir (une merveille d’intelligence et de complexité imaginée pour Arte Radio) ; ressortir Marguerite Duras et Romain Gary, ou encore Un besoin absolu, d’A. L. Kennedy, qui, en matière de désirs, de mensonges et de fiction, faisait un peu monter le niveau.
Traitement du son banal
Souvenez-vous (ou courez l’acheter, il a été publié aux Editions de l’Olivier en 2003) de ce qu’y disait Nathan à sa fille : « Ne fais jamais, au grand jamais, confiance à un homme qui travaille avec sa tête toute la journée (…) Je devrais te dire qu’ils veulent toujours se montrer spirituels, polysyllabiques et cultivés, amusants, charmeurs, délicats, sains, mondains, mais que ce qu’ils veulent surtout, c’est avoir ton fond de culotte en travers de la gueule pendant qu’ils t’enculent sans même se rappeler ton nom. »
Dire alors à quel point – et ce malgré, sans doute, des moyens importants engagés par Canal+ et Paradiso Media – la réalisation est insignifiante et le traitement du son banal. Se demander alors : que diable allaient-ils faire dans cette galère ? Rompue à l’exercice – elle avait prêté son talent de comédienne à 1 euro la minute, fiction sonore franchement bien troussée –, Céline Sallette s’en sort heureusement très bien, et le merveilleux Arthur Teboul y a glissé quelques chansons – et croyez bien, Monsieur, que nos oreilles vous en seront à jamais reconnaissantes.
L’Amour sans, série audio écrite par Maria Pourchet et réalisée par Benoit Dunaigre (Fr., 2024, 8 x 12 min). Avec les voix de Céline Sallette et Arthur Teboul. Disponible à la demande sur MyCanal.