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On s’interrogera longtemps sur le choix, par les démocrates américains, de l’octogénaire Joe Biden face à Donald Trump, de quatre ans seulement son cadet, mais nettement plus pugnace. C’est d’ailleurs moins l’âge de l’actuel locataire de la Maison Blanche qui est en cause que ses dérapages aussi répétés qu’embarrassants. C’est ainsi que le président américain a, en avril, exhorté Benyamin Nétanyahou à ne pas attaquer… Haïfa. Il confondait le grand port du nord d’Israël avec Rafah, la ville du sud de la bande de Gaza, où plus de la moitié de la population de l’enclave palestinienne s’est réfugiée, à la frontière de l’Egypte.
Peu importe de toute façon, puisque l’homme le plus puissant de la planète n’est même pas arrivé à empêcher l’opération en cours contre Rafah. Et si Joe Biden a attendu sept mois de carnage pour hausser vraiment le ton envers Benyamin Nétanyahou, c’est parce que sa fidélité à Israël est ancrée dans une expérience fondatrice, déjà vieille de plus d’un demi-siècle.
Le président américain, né en 1942 en Pennsylvanie, a été élevé par ses deux parents catholiques dans un profond respect de l’Etat d’Israël. Elu à 30 ans sénateur démocrate du Delaware, il se rend en Egypte et en Israël, en août 1973, pour son premier voyage à l’étranger en tant que parlementaire. Déçu de n’avoir été reçu que par des officiels de second rang en Egypte, il considère au contraire sa rencontre avec la cheffe du gouvernement israélien, Golda Meir, comme « une des plus marquantes » de sa vie.
Un « sioniste » fervent
Joe Biden racontera souvent par la suite comment la première ministre lui avait révélé « l’arme secrète » d’Israël : « Nous n’avons aucun autre endroit où aller. » Golda Meir, parfaitement anglophone du fait de ses années de formation aux Etats-Unis, martelait à l’époque dans les médias américains que la « nation palestinienne » n’existe pas plus que le « peuple palestinien ». Mais la première ministre affirmait également ne pas « pouvoir pardonner aux Palestiniens de [les] forcer à tuer leurs enfants », une citation très reprise aujourd’hui en Israël.
Le jeune sénateur Biden revient si enthousiasmé de ce séjour en Israël qu’il commence à se déclarer « sioniste », un fervent engagement qu’il a maintes fois réitéré en public, précisant à chaque fois qu’il « n’est pas nécessaire d’être juif pour être sioniste ». Il soutient en juin 1982 le gouvernement de Menahem Begin dans son invasion du Liban, en dépit des très nombreuses victimes civiles. Ce soutien est si exalté que le premier ministre israélien doit lui-même tempérer Joe Biden, en rappelant que tout belligérant est tenu d’épargner les femmes et les enfants. Quatre années plus tard, Joe Biden défend ardemment au Congrès l’aide militaire colossale à Israël : « C’est le meilleur investissement de 3 milliards que nous ayons jamais fait. S’il n’y avait pas d’Israël, les Etats-Unis devraient inventer un Israël pour protéger leurs intérêts dans la région. »
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