Dès les premières notes de Cheap Thrills, un tube de la chanteuse Sia, Jatsu se mettait en place et attendait sa cavalière. « Come on, come on, turn the radio on, it’s Friday night… hit the dance floor, bada bang… » Sur les six « pattes » qui s’élançaient sur la piste, quatre appartenaient à Jatsu, un solide berger des Pyrénées, et les deux autres à sa maîtresse, Christine. Jeune retraitée, Christine Batard a commencé le « dog dancing » il y a six ans. Depuis, seule la mort de Jatsu, il y a un an, a interrompu leur pas de deux. « Il adorait ça, c’était un sacré cabot », se rappelle Christine, qui attend que sa nouvelle chienne, Una, un bearded collie, grandisse et soit suffisamment éduquée pour commencer une activité avec elle.
Danser avec un chien, l’idée peut paraître ridicule, voire dérangeante ; elle fait pourtant partie de ses nombreuses activités de loisirs, appréciées par un nombre croissant de propriétaires de toutous. Mais que les défenseurs des animaux se rassurent : il ne s’agit pas de faire danser Médor en tutu. La discipline, approuvée par la Société centrale canine, ne comporte aucune forme de maltraitance, mais consiste à lui faire réaliser de petits enchaînements sur un fond musical. S’arrêter, passer entre les jambes de son partenaire humain, tourner sur lui-même, slalomer, faire le beau, sauter, le tout en rythme avec son maître. « Le dog dancing permet d’améliorer l’obéissance de son chien tout en renforçant les liens avec lui, explique Céline Cler, monitrice de dog dancing en club et coach de l’équipe de France. C’est à la fois ludique et sportif tant pour le maître que pour l’animal. »
Venu d’Angleterre, le dog dancing se décline en deux grandes catégories : le freestyle et l’obé-rythmée, aussi appelée HTM (Heelwork to Music), plus codifiée. Pour la plupart des pratiquants, danser avec son chien reste un loisir. Une minorité seulement participe à la quarantaine de concours officiels organisés un peu partout en France et aux compétitions internationales comme le championnat du monde, programmé du 16 au 19 mai à Budapest. « A ce niveau-là, on est jugé sur la qualité des tricks [tours], sur le sens du rythme, mais aussi sur la capacité à emporter le jury dans un univers spécifique, à lui raconter une histoire. Le couple homme-animal ne fait presque plus qu’un », explique la Française Alexandra Creusot, championne du monde 2022 avec ses border collies, Hendi et Di’or.
Un moment de complicité
Accessible à tous les chiens et leurs maîtres, quels que soient leurs race, âge, forme physique et handicap éventuel, sans équipement spécifique, le dog dancing amateur séduit essentiellement des femmes, propriétaires de chiens, désireuses de partager un moment de complicité avec leur boule de poils bien aimée. A côté des entraînements proposés dans les clubs canins, une quantité de tutos et de cours en ligne gratuits ou payants fleurissent sur Internet.
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