A l’Ecole des chiens, l’os de la discorde n’est pas enterré. Comme pour les enfants, les principes de la « bonne » éducation soulèvent des débats entre les défenseurs d’une certaine fermeté et ceux qui pensent que seule une approche « positive » est permise. Et beaucoup d’interrogations chez des maîtres souvent perdus dans la jungle des propositions et promesses d’éducateurs canins qui se vendent sur les réseaux.
« Pendant longtemps, les principes du dressage canin – on ne parlait pas encore d’éducation – reposaient sur l’idée que l’homme devait s’imposer le plus rapidement possible sur son animal, le dominer, afin que celui-ci lui obéisse par la crainte », résume Christophe Blanchard, maître-chien et sociologue, spécialiste de la médiation animale à l’université Sorbonne-Paris-Nord. Taloches, colliers à pointes ou étrangleurs étaient utilisés pour dompter ou punir l’animal désobéissant.
Depuis une dizaine d’années, à rebours de ces méthodes coercitives, l’éducation dite « positive », axée sur l’encouragement et la récompense des bons comportements, tout en ignorant ou redirigeant les mauvais, a commencé à s’imposer. « En étudiant les manuels d’éducation canine sur soixante-dix ans, on est frappé par l’analogie avec l’éducation humaine, poursuit le chercheur. Dans les années 1950, on parlait encore de dressage des enfants. »
Si plus personne ne défend ouvertement les méthodes violentes, le débat reste vif et souvent caricatural entre les partisans des deux approches. Les « positifs » accusant de maltraitance les « traditionnels », qui relèent, eux, la « permissivité » des « ultrabienveillants ». « Il faut faire preuve de beaucoup d’humilité et de nuance en matière canine, rappelle Christophe Blanchard. Or, l’éducation des canidés est devenue un marché lucratif pour des évangélistes de tout bord qui vont vendre leur méthode “clés en main” à des propriétaires débordés ou ignorants, en quête de solutions. »
Compétences difficilement vérifiables
Vidéos-chocs, formules pack, défi « 10 jours »… Il suffit de taper sur Internet « comment éduquer son chien ? » pour réaliser l’ampleur des contenus gratuits et payants proposés par des éducateurs canins ou comportementalistes, dont les compétences sont difficilement vérifiables. Les exigences de formation à ce métier demeurent légères. Il existe bien un diplôme reconnu par l’Etat, le brevet professionnel d’éducateur canin, mais il n’est pas indispensable pour exercer. Seule l’Acaced (attestation de connaissances pour les animaux de compagnie d’espèces domestiques), obtenue après une formation de trois jours, est obligatoire.
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