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Benjamin Marx, 37 ans, fait partie des trois nommés, hormis la lauréate Alexandra Roulet, pour le Prix du meilleur jeune économiste 2024. Associant des représentants du Cercle des économistes et du Monde, le jury met en lumière les travaux de chercheurs relevant de l’économie appliquée et permettant de promouvoir le débat public.
Pourquoi avez-vous choisi de vous spécialiser dans l’économie du développement ?
Le développement est un sujet qui m’a passionné très tôt, au point que j’ai imaginé un temps travailler dans les organisations internationales qui lui sont consacrées. J’ai finalement opté pour la recherche en économie, notamment l’économie politique et l’économie du développement, qui apportent une expertise précieuse et permettent d’éclairer avec des arguments solides certains choix de politique publique. Mes premières expériences de terrain en Sierra Leone et au Kenya, qui consistaient à étudier le développement agricole et la pauvreté urbaine sous l’angle de l’économie politique, m’en ont rapidement convaincu.
Vous dites qu’il nous reste beaucoup à apprendre sur ce qui détermine les trajectoires du développement économique…
Le développement pose un grand nombre de questions auxquelles nous n’avons pas encore les réponses. Mais nous devons essayer de résoudre ces questions. Cela implique de pouvoir évaluer certaines politiques publiques comme nous le faisons avec les méthodes de randomisation popularisées par le laboratoire J-PAL. D’autres objets de recherche n’ont pas de traduction immédiate en matière de politiques publiques, mais ils n’en sont pas moins essentiels. Il est indispensable, par exemple, d’étudier l’histoire de l’esclavage et de la colonisation en Afrique. Quand bien même ces épisodes appartiennent au passé, la question de leur héritage est bien réelle, et comprendre comment ils continuent d’influencer le développement est absolument crucial.
Pourquoi, en tant qu’économiste, vous intéressez-vous aux religions ?
L’incidence de la religion dans le contexte des pays en développement a été très peu étudiée par les économistes, alors que, depuis Max Weber [1864-1920], on a beaucoup écrit sur la Réforme protestante et le capitalisme en Occident, par exemple. En Afrique, nous sommes à un moment important d’émergence des religions évangéliques. Beaucoup avaient pourtant théorisé que les croyances allaient s’affaisser avec la croissance économique et le développement, or ce qu’on observe depuis la fin du XXe siècle est, au contraire, une forte résilience du fait religieux.
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