Le ton monte parmi les voisins de la Russie sur tout le pourtour de la mer Baltique. Le brouillage à grande échelle par Moscou du signal GPS (géo-positionnement par satellite) sur les territoires de la région s’est intensifié ces dernières semaines, perturbant la navigation aérienne et maritime et provoquant l’ire des capitales concernées. Les effets du brouillage émis de manière intermittente par des équipements de guerre électronique russes se font ressentir du nord de la Norvège jusqu’au sud de la Pologne.
Lundi 29 avril, la compagnie aérienne finlandaise Finnair a annoncé l’arrêt pour un mois de ses vols entre Helsinki et l’aéroport estonien de Tartu, situé à 50 km de la frontière russe. La veille, les ministres des affaires étrangères des pays baltes, de la Finlande et de la Suède ont discuté du problème, concluant que le brouillage du GPS par la Russie pourrait avoir des conséquences tragiques.
Plusieurs compagnies aériennes ont signalé des perturbations affectant leurs opérations dans la zone baltique, principalement Ryanair (2 300 vols), Wizz Air (1 400) et British Airways (82). Les 25 et 26 avril, deux avions de Finnair reliant Helsinki à la ville estonienne de Tartu ont été contraints de retourner à leur aéroport de départ en raison du brouillage.
« De telles actions constituent (…) une menace pour notre population et notre sécurité, et nous ne les tolérerons pas », a averti Margus Tsahkna, ministre estonien des affaires étrangères, dans un entretien publié le 28 avril par le quotidien britannique Financial Times. « Nous en discuterons certainement avec nos alliés » au niveau de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN, a-t-il promis. Particulièrement alarmiste, le ministre lituanien des affaires étrangères, Gabrielius Landsbergis, a comparé la situation à la conduite nocturne sans phares, ajoutant que « la situation dans la région de la Baltique, près des frontières russes, est devenue trop dangereuse pour être ignorée ».
Guerre hybride
Les experts aéronautiques sont plus nuancés. Brouiller le signal GPS n’empêche pas les avions de voler. Qu’ils soient commerciaux ou militaires, les aéronefs disposent d’autres moyens de se repérer dans l’espace, notamment les centrales inertielles. Composées de gyromètres et d’accéléromètres, celles-ci permettent d’estimer la position de l’appareil en fonction des mouvements effectués depuis son point de départ. « Mais une centrale à inertie est moins confortable qu’un GPS, elle a tendance à dériver un peu et a besoin d’être recalée régulièrement », précise Jean-Christophe Noël, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales et ancien pilote de chasse.
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