Sabri B., un homme de nationalité algérienne âgé de 27 ans, suspecté d’avoir tué Ashur Sarnaya, un chrétien d’Irak, en septembre à Lyon, a été mis en examen mardi 28 octobre pour « assassinat en relation avec une entreprise terroriste », a fait savoir le Parquet national antiterroriste (PNAT).
Le suspect a aussi été mis en examen pour « association de malfaiteurs terroriste criminelle » et placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du PNAT. Il a été remis lundi soir par les autorités italiennes en exécution d’un mandat d’arrêt européen, précise encore le PNAT.
Réfugié politique et en situation de handicap, Ashur Sarnaya a été attaqué au pied de son immeuble au cours de la soirée du 10 septembre alors qu’il se trouvait dans son fauteuil roulant en train de faire un direct de plus de cinq heures sur TikTok. Son assaillant l’a frappé d’un violent et profond coup de couteau au cou, avant de s’enfuir à pied. L’Assyro-Chaldéen de 45 ans, qui a succombé à ses blessures, était très présent sur les réseaux sociaux, où il postait des vidéos évoquant sa foi.
L’examen de la téléphonie du suspect a révélé que le jour de l’assassinat il avait regardé le direct du chrétien irakien pendant une trentaine de minutes, non loin du domicile de la famille Sarnaya, selon des éléments de l’enquête révélés par Le Figaro, que l’AFP a pu se faire confirmer mardi.
Le téléphone de Sabri B. bornait dans la zone des faits entre 21 h 15 et 22 h 50, avec des déplacements réguliers. Plusieurs témoins ont, dans le même temps, fait état de mouvements d’un homme suspect semblant « roder » avant l’assassinat et qui a quitté les lieux en courant juste après.
« Un lien étroit entre le meurtre et les sujets religieux »
Le suspect avait été interpellé le 2 octobre à Andria, dans le sud de l’Italie, où il s’était réfugié chez des compatriotes, après l’émission d’un mandat européen, selon un communiqué de la police. Il n’avait pas opposé de résistance et a été conduit en prison à Trani, sur la côte adriatique, dans l’attente de son transfert vers la France.
Sur son site internet, la police italienne avait alors mis en ligne des photos d’un long couteau saisi sur les lieux de l’interpellation, mais les images n’étaient plus disponibles très peu de temps après. Cette même source ajoutait que le suspect était arrivé en Italie en bus par Milan dès le 12 septembre, qu’il s’était ensuite rendu à Rome où il est resté jusqu’au 24, avant de se diriger vers le sud du pays.
La police italienne écrivait aussi que les autorités françaises avaient établi « un lien étroit entre le meurtre et les sujets religieux abordés sur les réseaux sociaux par la victime ». L’enquête a été confiée le 9 octobre au pôle antiterroriste du tribunal de Paris, après le dessaisissement du parquet de Lyon.
La sœur d’Ashur Sarnaya a expliqué aux enquêteurs être arrivée en France en 2014 après avoir fui l’Irak avec son frère, à la suite de menaces dont il « était victime par des islamistes lui imposant la conversion ou la mort ».
Les investigations ont permis de montrer que Ashur Sarnaya, présenté par ses proches ou voisins comme une personne calme et pacifique, faisait l’objet de menaces en ligne (« si on te trouve, on te tue »…), vraisemblablement par des extrémistes musulmans. A l’été 2025, un homme lui avait aussi lancé en face-à-face : « Nous t’avons à l’œil ».











