Dimanche 26 mai à 10 h 20, quarante minutes avant le début du match entre Ugo Humbert et Lorenzo Sonego qui allait donner le coup d’envoi du tournoi de Roland-Garros, c’est à un spectacle peu ordinaire qu’était convié le public du court Suzanne-Lenglen : un ballet pour dix danseuses tout de blanc vêtues, moitié tennis women, moitié derviches tourneuses, qui faisaient virevolter sur la terre battue le plissé fluide de leurs longues jupes blanches. La chorégraphie était de Julien Lestel, et les danseuses des élèves de l’Ecole nationale de danse de Marseille.
C’est un événement architectural qu’on fêtait de la sorte : l’inauguration de la nouvelle toiture mobile de ce bâtiment stratégique dans l’organisation du tournoi, qui renvoie aux oubliettes de l’histoire les interruptions intempestives que les caprices de la météo imposaient régulièrement aux matchs, au grand dam des joueurs comme des spectateurs.
Ultime étape d’un grand chantier de modernisation des équipements de Roland-Garros qui a conduit, ces dernières années, à reconstruire le court Philippe-Chatrier (Didier Girardet, 2019) puis à le doter d’un toit rétractable (Didier Girardet, DVVD, 2020), à transfigurer le court Simonne-Mathieu (Marc Mimram, 2018-2019) ; cette couverture dont la mise en œuvre a été partiellement financée par la Solideo, la société chargée de la livraison des équipements olympiques, méritait bien une belle chorégraphie.
Impression de légèreté
Mandaté pour le projet, Dominique Perrault a puisé son inspiration dans le vestiaire de Suzanne Lenglen (1899-1938) et s’est arrêté sur la jupe en soie que Jean Patou (1887-1936) avait spécialement dessinée pour la championne au début des années 1920. Souplesse de la toile, élégance du plissé, luminosité lactée… L’enchantement qui opère quand elle se déplie n’a d’égal que celui qui vous saisit lorsqu’elle se rétracte, et que le ciel bleu réapparaît. La réussite du projet est à mettre au compte joint de l’architecte de la bibliothèque François-Mitterrand et de son épouse et associée, Gaëlle Lauriot-Prévost, des ingénieurs de T/E/S/S et de l’entreprise Renaudat.
Elle se mesure, en outre, à l’impression de légèreté que dispense la structure en métal, pourtant massive, qui s’explique, en partie, par le fait que les grandes poutres en acier (cent mètres de portée chacune) entre lesquelles coulisse la belle couverture blanche ne reposent que sur quatre poteaux sculptés. Signature du tandem Perrault-Lauriot-Prévost, la maille métallique participe également de cet effet aérien, qui vient raccorder la nouvelle toiture rectiligne à la structure en arche de l’ouvrage de béton existant (Didier Girardet, 1994) dans un tombé du meilleur effet.
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