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Quand on veut à tout prix se débarrasser d’un bien, le plus simple est encore de le donner. C’est ce que compte faire la municipalité de Berlin avec une immense villa dont elle est propriétaire mais dont elle ne fait aucun usage. Situé à une petite heure de route de la capitale allemande, sur un terrain boisé de 17 hectares, ce bâtiment de 1 600 mètres carrés est un gouffre financier pour la ville, qui dépense chaque année plusieurs centaines de milliers d’euros en frais d’entretien et de surveillance.
D’où la décision de le céder. « Je propose à quiconque souhaite reprendre le site de le recevoir en cadeau de la part de Berlin », a déclaré l’adjoint aux finances de la ville, Stefan Evers, le 2 mai, devant l’assemblée municipale. Si personne n’est intéressé, « nous n’aurons d’autre choix que de démolir l’édifice », a-t-il ajouté.
Un tel souci de bonne gestion des deniers publics aurait dû faire consensus. Seul hic : le premier occupant de ladite villa n’était autre que Joseph Goebbels (1897-1945), le ministre de la propagande du IIIe Reich. En apprenant que la ville de Berlin était prête à la céder gratuitement, Oliver Borchert, le maire de Wandlitz, commune sur laquelle se trouve le terrain, dans le Land du Brandebourg, s’est étranglé. « Cette idée est des plus malheureuses. Je n’ai aucune envie que Berlin donne ce bien à quelqu’un qui serait guidé par des arrière-pensées idéologiques », a déclaré l’édile à l’agence de presse allemande DPA.
Zelensky et la fake news
L’inquiétude du maire de Wandlitz n’est pas infondée. En 2021, une association avait proposé de redonner vie à l’endroit, en y implantant un hôtel, des ateliers d’artiste, des salles de conférences et une école de yoga. Mais le projet a tourné court quand fut révélé que l’un de ses initiateurs était un militant des Reichsbürger (« citoyens du Reich »), ce mouvement d’extrême droite dont les membres (qui seraient environ vingt mille d’après les services de renseignement) ne reconnaissent pas les institutions de la République fédérale d’Allemagne et rêvent de restaurer l’Empire allemand de 1871.
Il y a quelques mois, une fake news a circulé sur les réseaux sociaux indiquant que la villa avait trouvé comme acquéreur Volodymyr Zelensky, qui l’aurait achetée pour 8,1 millions d’euros en octobre 2023 : diffusée par des comptes prorusses, cette « information », accompagnée de la photographie d’un faux acte de vente, était censée corroborer l’affirmation, martelée par le Kremlin, selon laquelle le président ukrainien était un nazi.
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