Vingt ans jour pour jour après la mort à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) des adolescents Zyed Benna et Bouna Traoré, qui avait déclenché trois semaines d’émeutes urbaines à travers le pays, un arbre a été planté, lundi 27 octobre. Une centaine de personnes se sont recueillies autour d’un ginkgo biloba, choisi comme « symbole de résilience », planté devant le collège où les deux adolescents étaient scolarisés. Les pelletées de terre ont été jetées par leurs proches.
« Nous sommes là, ensemble, pour que leur histoire ne soit pas seulement une douleur du passé mais une lumière pour l’avenir, pour que chaque jeune de nos quartiers sache qu’il a de la valeur, qu’il compte, qu’il mérite de vivre en paix dans la dignité et le respect », a déclaré le président de l’association Au-delà des mots, organisant la cérémonie, l’enseignant Samir Mihi.
Devant son père, le grand frère de Bouna, Siyakha Traoré, a évoqué ces « deux gamins, deux enfants, deux frères » dont les prénoms sont devenus synonymes de « lutte contre les violences » et de « revendication de justice sociale ».
« Transformer cette révolte en engagement »
« Nos deux compatriotes doivent nous aider à comprendre que c’est tous ensemble qu’on fera peuple, c’est tous ensemble qu’on fera France », a déclaré au micro le slameur et réalisateur Abd al malik. « Régler cette problématique des quartiers populaires (…), c’est régler un problème de la France, faire en sorte que la France soit enfin à la hauteur d’elle-même », a-t-il ajouté.
Le 27 octobre 2005, Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, sont morts électrocutés dans un transformateur EDF où ils avaient voulu se réfugier pour échapper à la police, paniqués, après une course-poursuite, bien qu’ils n’aient rien à se reprocher. La mort des deux adolescents puis le fait que les autorités avaient d’abord nié la réalité de la course-poursuite et évoqué à tort une tentative de cambriolage sur un chantier, avaient servi de détonateurs à des émeutes urbaines de grande ampleur dans le pays, finalement placé sous état d’urgence.
Les pères des deux adolescents, tout deux éboueurs à la Ville de Paris, étaient originaires de Tunisie et de Mauritanie. C’est dans ces deux pays que les adolescents avaient été inhumés. Mais « ici à Clichy-sous-Bois, leur souvenir s’est transmis », a souligné le maire (divers gauche) Olivier Klein. Evoquant la colère exprimée depuis leur mort, il a assuré que la ville avait appris à « transformer cette révolte en engagement » et su « refuser l’oubli sans céder à la haine ».













