Le président du Venezuela, Nicolas Maduro, a accusé les Etats-Unis, lundi 15 septembre, de mener « une agression à caractère militaire » contre son pays. « Le Venezuela est habilité par les lois internationales à y répondre » et exercera son « droit légitime à se défendre », a déclaré, au cours d’une conférence de presse, le chef de l’Etat, estimant « rompues » les relations entre Caracas et Washington.
Quelques heures plus tard, le président américain, Donald Trump, a annoncé sur son réseau social qu’un deuxième bateau transportant, selon lui, de la drogue à destination des Etats-Unis, a été ciblé dans les eaux internationales des Caraïbes, tuant trois « narcoterroristes » vénézuéliens.
« Ce matin, sur mes ordres, les forces armées américaines ont mené une deuxième frappe cinétique contre des cartels de la drogue et des narcoterroristes formellement identifiés comme extrêmement violents, dans la zone de responsabilité du Southcom [le commandement unifié qui dirige les opérations militaires des Etats-Unis en Amérique du Sud et dans les Caraïbes] », a écrit Donald Trump.
« Des gros sacs de cocaïne partout »
Dans des remarques émises devant la presse, le républicain a affirmé avoir « les preuves » que le bateau transportait de la drogue. « Il suffit de regarder la cargaison qui a été éparpillée dans l’océan : d’énormes sacs de cocaïne et de fentanyl partout », a-t-il assuré. Le fentanyl est un puissant opioïde de synthèse responsable d’une grave crise sanitaire aux Etats-Unis.
Une précédente frappe américaine, menée le 2 septembre, avait tué onze personnes à bord d’un bateau transportant là encore, selon Donald Trump, de la drogue. Il les présentait comme des membres du Tren de Aragua, un cartel vénézuélien implanté dans plusieurs pays et désormais classé comme organisation « terroriste » par Washington. Les Etats-Unis accusent Nicolas Maduro de diriger un réseau de narcotrafic et ont récemment augmenté la prime pour sa capture à 50 millions de dollars (42,5 millions d’euros).
Dans une interview sur la chaîne conservatrice Fox News, le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, a défendu cette première frappe contre le bateau qui se trouvait dans les eaux internationales. « Nous sommes certains à 100 % qu’il était impliqué dans le trafic de drogue », a-t-il déclaré. « Certains de ces bateaux doivent se faire pulvériser », a-t-il ajouté, affirmant que le nombre de navires transportant de la drogue destinée aux Etats-Unis avait nettement reculé depuis cette première frappe.
Lundi après-midi, Nicolas Maduro a accusé le chef de la diplomatie américaine – fervent détracteur du président vénézuélien dont les Etats-Unis ne reconnaissent pas la réélection – d’être un « seigneur de la mort et de la guerre ».
« L’objectif est de s’emparer du Venezuela »
L’administration Trump a déployé sept navires de guerre dans les Caraïbes – et un autre dans le Pacifique – au nom de la lutte contre les cartels de la drogue. « Mensonges », a répété M. Maduro à plusieurs reprises devant la presse, estimant, graphiques à l’appui, que le trafic de cocaïne est principalement exporté vers les Etats-Unis, premier consommateur mondial, via le Pacifique et les ports d’Equateur.
« Nous ne tomberons pas dans les provocations. Ce sont des récits pour justifier une escalade. L’objectif n’est pas la lutte contre le narcotrafic. L’objectif est de s’emparer du Venezuela. D’y imposer des autorités coloniales et de provoquer un changement de régime pour s’emparer des immenses richesses pétrolières et gazières du pays. Voilà l’objectif », a affirmé M. Maduro qui dénonce une « menace » américaine.
« On va voir ce qu’il se passe », a déclaré Donald Trump, dimanche, aux journalistes qui lui demandaient si des frappes en territoire vénézuélien étaient désormais envisagées. « Le Venezuela nous envoie ses membres de gangs, ses dealers et ses drogues. Ce n’est pas acceptable », a-t-il ajouté.
Le secrétaire à la défense, Pete Hegseth, a, lui, averti les cartels que les Etats-Unis « les traqueraient, les élimineraient et démantèleraient leurs réseaux sur tout le continent, aux moments et aux endroits de leur choix ».
Incitations à s’enrôler dans la milice
Samedi, le Venezuela a dénoncé l’arraisonnement pendant huit heures d’un bateau de pêche vénézuélien par un navire américain dans ses eaux territoriales. « Si les pêcheurs de thon possédaient des armes et les avaient utilisées sous juridiction vénézuélienne, cela aurait été l’incident militaire que les bellicistes, ces extrémistes qui veulent une guerre dans les Caraïbes, attendaient », a accusé M. Maduro, lundi
Le président vénézuélien a appelé ces dernières semaines la population à s’enrôler dans la milice, un corps très politisé créé en son temps par le président Hugo Chavez (1999-2013), tout en annonçant le déploiement de 25 000 membres des forces armées aux frontières et un plan de défense. Et il a appelé, samedi, les réservistes, les miliciens et les jeunes à se rendre dans les casernes pour apprendre à tirer.
« Aujourd’hui, le Venezuela est mieux préparé pour résister en toutes circonstances si nous devions engager une lutte armée pour préserver le pays, son indépendance, et construire la paix », a encore dit M. Maduro lors de la conférence de presse qu’il a tenue en présence de la vice-présidente, Delcy Rodriguez, et d’un aréopage de hauts gradés.