Le paysage politique britannique a été bouleversé, jeudi 4 juillet, avec la victoire écrasante du Labour, qui a mis fin à quatorze années de gouvernement conservateur. Keir Starmer, 61 ans, le chef de file des travaillistes, devait devenir, vendredi 5 juillet, le 58e premier ministre britannique.
Le raz de marée « rouge » (la couleur du Labour), y compris dans les circonscriptions du « red wall » – ces terres postindustrielles des Midlands et du nord de l’Angleterre qui avaient voté pour le Brexit en 2016, puis pour Boris Johnson en 2019 –, est d’autant plus remarquable qu’il vient après une défaite cuisante du Labour aux élections générales de 2019, la plus cuisante qu’il a enregistrée depuis 1935.
Avec plus de 400 députés élus – la majorité à la Chambre des communes est à 326 sièges –, la victoire des travaillistes et de leur chef, Keir Starmer – un avocat à la brillante carrière entré en politique il y a seulement neuf ans mais réélu sans encombres, jeudi, dans la circonscription de Saint-Pancras et Holborn, au centre de Londres –, est aussi historique que celle de Sir Blair en 1997, dans des conditions cependant très différentes. Son aîné avait été porté au pouvoir par une ferveur populaire, le New Labour véhiculant alors un message de modernité dans un pays qui se projetait encore de manière optimisme dans l’avenir et sur un continent en paix. Cette année, la campagne a été marquée par le manque d’enthousiasme et de confiance des électeurs britanniques.
Il faut dire que si, comme son prédécesseur Tony Blair il y a trente ans, Sir Keir Starmer a fait campagne sur un programme situé au centre, il s’est gardé de toute audace, s’engageant modestement au retour de la « stabilité », sans inflexion majeure par rapport à la trajectoire imprimée par les conservateurs – contrôle de l’immigration, orthodoxie budgétaire. Le Royaume-Uni est « prêt au changement » et aspire à un retour de « la politique en tant que service rendu au public », a affirmé Keir Starmer dans la nuit.
Ce 4 juillet, les électeurs ont d’abord sanctionné les tories pour leurs années chaotiques au pouvoir, à l’issue desquelles le revenu des Britanniques a stagné, les services publics et les prestations sociales ont été sapés par une cure drastique d’austérité et le Brexit a isolé le pays sur la scène internationale et pénalisé son attractivité économique.
Le pari réussi du populiste Nigel Farage
Le Parti conservateur, avec moins de 160 députés retournant à Westminster – environ 200 de moins qu’en 2019 –, encaisse sa pire défaite depuis 1906, quand il n’avait sauvé que 156 sièges face aux libéraux démocrates, le grand parti d’opposition de l’époque. Les carrières et ambitions politiques de nombreux poids lourds tories ont été coupées net jeudi soir.
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