Examiné mardi 28 octobre en séance au Sénat, le projet de loi visant à lutter contre la vie chère laissé par le ministre des outre-mer Manuel Valls à sa successeure, Naïma Moutchou, essuie les reproches des parlementaires, après ceux des élus locaux il y a quelques mois.
La commission des affaires économiques du Sénat l’a littéralement taillé en pièces le 22 octobre. « Le gouvernement a présenté depuis plusieurs mois ce projet de loi comme une initiative majeure, à même d’avoir un effet économique significatif pour le pouvoir d’achat de nos compatriotes ultramarins. Or les différentes mesures proposées, même cumulées, ne devraient avoir qu’un effet mineur sur la formation des prix en outre-mer », a tranché la commission présidée par la sénatrice (Les Républicains, LR) des Alpes-Maritimes Dominique Estrosi Sassone, avec les deux rapporteurs ultramarins du texte, Micheline Jacques (LR, Saint-Barthélémy) et Frédéric Buval (membre du groupe macroniste Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants, Martinique).
Les sénateurs de la commission, à gauche comme à droite, ont critiqué des dispositions « décevantes », « disparates », ou « cosmétiques ». Ils jugent de surcroît le projet trop lacunaire sur les raisons structurelles du problème, notamment l’insertion régionale des territoires. Tant que les citrons verts du Brésil doivent passer par le marché international de Rungis (Val-de-Marne), en région parisienne, pour être vendus en Guyane, le système ne changera pas, affirment-ils. Au point que « la commission ne souhaite pas donner de faux espoirs aux populations ultramarines et rappelle qu’une loi ne pourra pas venir transformer un système économique qui est l’héritage de plusieurs siècles de relations entre l’Hexagone et ses outre-mer et la conséquence des caractéristiques propres de ces territoires ».
« Perfectible »
La loi pour le développement économique des outre-mer en 2009, la loi Lurel sur la régulation économique en 2012, et celle sur l’égalité réelle, en 2017, n’ont pas changé la donne. La vie chère demeure le principal motif de colère des citoyens, en Guadeloupe comme à La Réunion. Les écarts de prix avec l’Hexagone restent massifs, de 30 % à 42 % de plus en moyenne sur l’alimentaire, et de 9 % à 16 % sur l’ensemble des biens, d’après la dernière grande enquête menée par l’Insee en 2022.
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