FRANCE 5 – DIMANCHE 16 JUIN À 21 HEURES – DOCUMENTAIRE
« Putain de menteur. Dégage, fumier ! » Charismatique et populaire, Thomas Pesquet est l’astronaute le plus suivi au monde sur les réseaux sociaux, avec 5 millions d’abonnés. Mais depuis quelque temps, aux messages admiratifs de ses fans se mêlent des insultes.
Face à la caméra, Thomas Pesquet évoque pour la première fois dans « La Fabrique du mensonge » ces commentaires d’internautes qui l’accusent de diffuser de fausses images de l’espace. Selon eux, en effet, l’espace n’existe pas et l’homme n’a jamais marché sur la Lune. Face à cette théorie du complot qui empire, le film tente d’en comprendre les causes.
La longue partie historique est la plus intéressante. A l’aide de multiples archives, elle revient sur la mission Apollo-11, dans le contexte géopolitique tendu de la guerre froide. Dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969, quelque 600 millions personnes voient à la télévision Neil Armstrong poser le pied sur le sol lunaire.
Un écho certain
Le quotidien russe La Pravda relaie alors l’information sans remettre en cause l’exploit. Il faut attendre 1976 pour qu’un ancien employé de la Navy, Bill Kaysing, publie We Never Went to The Moon (« nous ne sommes jamais allés sur la Lune », non traduit).
Alors que les Etats-Unis sont en proie aux doutes, entre la guerre du Vietnam et le scandale du Watergate, cette théorie du Moon Hoax (« canular de la Lune ») rencontre un écho certain. C’est du moins l’explication fournie par les intervenants, parmi lesquels les astrophysiciens Eric Lagadec et Christophe Galfard – fantastique vulgarisateur scientifique, à travers ses nombreux livres, dont sa captivante trilogie jeunesse Le Prince des nuages (Pocket jeunesse, 2015).
Ces théories conspirationnistes vont par la suite connaître divers regains d’intérêt, de telle sorte qu’à la fin des années 2010, un Français sur dix (selon l’IFOP), un Britannique sur six (YouGov) et un Russe sur deux (Centre russe d’étude de l’opinion) pensent que l’humain n’a jamais posé le pied sur la Lune…
« Désenchantement du monde »
De la même façon, le film s’intéresse ensuite aux platistes − ceux qui croient que la Terre est plate −, en donnant notamment la parole à l’un d’entre eux, l’influenceur Mark Sargent, puis aux croyances extraterrestres. Une deuxième partie beaucoup moins convaincante, tant le ridicule l’emporte parfois.
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Rudy Reichstadt, fondateur du site Conspiracy Watch, l’Observatoire du conspirationnisme, y voit toutefois une cause profonde, apparue au XXe siècle en réaction à la faillite des grands récits collectifs, religieux et séculiers. Face à ce « désenchantement du monde », théorisé par le sociologue Max Weber, « d’une certaine manière, ce complotisme radical réenchante le monde en mettant de l’extraordinaire et du fantastique ».
Espace, les fake news contre-attaquent, documentaire de Pierre Zéau et Elsa Guiol (Fr., 2024, 76 min). Suivi d’un débat animé par Thomas Snégarof.