C’est un rapport remis à l’ancien ministre de l’éducation nationale Pap Ndiaye, en avril 2023, et jamais rendu public, ni par lui ni par les trois ministres qui se sont succédé depuis. Il concerne pourtant la mesure phare du premier quinquennat d’Emmanuel Macron pour l’école : le dédoublement progressif des effectifs des classes en CP, en CE1 puis en grande section dans les écoles de l’éducation prioritaire. Est-ce parce que l’enquête de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche, chargée de « dresser un bilan qualitatif de la mesure », est plus nuancée sur le succès des « classes à douze » que ne l’est le discours politique ?
« De façon générale, si des éléments positifs sont repérés concernant les apprentissages des élèves bénéficiant d’un enseignement en classe dédoublée, force est de constater que tous les bénéfices attendus de cette mesure ne sont pas encore obtenus aujourd’hui », conclut ce rapport que Le Monde s’est procuré. Il n’est pour autant pas question de remettre en cause le bien-fondé de cette politique pour les rapporteurs, mais de mieux penser son déploiement.
L’exécutif, lui, assure régulièrement que la politique, qui a concentré le plus de moyens depuis 2017 en nécessitant environ 11 000 créations de postes de professeurs des écoles, « produit des effets ». Elle concernait 380 000 élèves en septembre 2022.
Le premier constat des inspecteurs, qui ont visité vingt-deux départements et mené près de 700 entretiens sur le terrain entre novembre 2022 et janvier 2023, tient au plébiscite de la mesure par les professeurs des écoles concernés par ces dédoublements. Ils pointent une « nette amélioration de leurs conditions de travail » et « des conditions d’études des élèves », grâce à un meilleur « climat de classe ». Cela conduit, selon ces enseignants, « à un temps d’exposition quotidien aux apprentissages plus important ». Les auteurs du rapport s’accordent d’ailleurs à dire qu’ils n’ont « sans doute jamais vu de réformes ou de mesures du ministère bénéficiant de tels retours positifs des enseignants concernés ».
Les conclusions sont cependant moins univoques au regard des résultats des élèves. La première évaluation, conduite sur l’année 2017-2018, au lancement de la mesure, avait conclu à des effets significatifs, surtout en CP : « L’impact positif de la réduction des tailles des classes en REP + sur les progrès des élèves est surtout visible en CP et subsiste en CE1 sans effet supplémentaire », notait alors la direction de l’évaluation, de la perspective et de la performance (DEPP), le service statistique du ministère.
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