Trois mois après la parution du décret retranchant 683 millions d’euros à l’éducation nationale, dans le cadre du plan de 10 milliards d’euros d’économies en 2024, la Rue de Grenelle cherche toujours comment traduire ce coup de rabot dans son budget. Selon des informations données aux syndicats, et dont Le Monde a obtenu la confirmation et le détail, le ministère a identifié de potentiels « gisements d’économie » pour environ 550 millions d’euros, mais ignore encore où trouver les 130 millions d’euros restants.
Ce sont eux que la Rue de Grenelle avait envisagé d’économiser en retirant certaines heures supplémentaires dans les collèges et les lycées à la fin du mois d’avril, avant de renoncer face à l’indignation et aux conséquences manifestes de ces restrictions pour le fonctionnement des établissements.
Des difficultés qui donnent un aperçu du casse-tête budgétaire auquel est confronté le ministère de l’éducation nationale qui, dans un premier temps, s’était pourtant voulu rassurant quant aux effets de ces économies pour le premier budget de l’Etat. Les 683 millions d’euros (691 en y ajoutant l’enseignement agricole) demandés au budget « enseignement scolaire » ne représentent qu’un peu plus de 1 % de ses 63,6 milliards d’euros prévus pour 2024. Ils seraient absorbés par les crédits mis en réserve pour faire face aux aléas durant l’année ainsi que par la restitution d’enveloppes sous consommées.
« Faire des choix »
Selon le rapport de la Cour des comptes sur l’exécution budgétaire 2023, paru le 17 avril, la somme à annuler est, d’ailleurs, proche du montant des crédits non consommés en 2023, qui s’élevait à 625 millions d’euros. Parmi eux, hors enseignement agricole, 418 millions d’euros portaient sur des dépenses de personnel, là où le plan d’économies pour 2024 en requiert 470.
Mais rien n’indique que le niveau de sous-consommation de 2023 sera le même à la fin de l’année 2024. D’après la Cour des comptes, il tenait essentiellement à des effets conjoncturels, notamment les conséquences différées de la crise du recrutement des enseignants, qui a atteint son paroxysme en 2022. Mais cette « sous-exécution du schéma d’emploi », selon l’expression budgétaire consacrée, a été rattrapée en 2023.
Parmi les autres explications figurent également un nombre de jours de carence et de grève plus important que prévu en 2023 (189 millions d’euros, environ 88 de plus qu’anticipé) dans le contexte de la mobilisation contre la réforme des retraites, ainsi qu’un retard pris sur le passage en CDI des assistants d’éducation ou encore sur le lancement du « pacte enseignant ». Les sommes inutilisées en fin d’année étaient bien moindres les années précédentes : 206 millions d’euros en 2022, dont 52,5 sur les dépenses de personnel.
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