« Pourquoi Zyed et Bouna couraient-ils ? » Cette question est la deuxième que Google propose à l’internaute lorsqu’il tape dans la barre de recherche le prénom des deux adolescents. Alors qu’ils tentaient d’échapper à un contrôle de police, les deux jeunes sont morts électrocutés, le 27 octobre 2005, dans un transformateur électrique EDF à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Ce drame avait déclenché des émeutes en banlieue parisienne et dans des dizaines de villes en France pendant plusieurs semaines. Le gouvernement de l’époque en était venu à décréter l’état d’urgence pour la première fois depuis la guerre d’Algérie.
Ce choix d’esquiver un contrôle de police, dans cette affaire comme dans d’autres après 2005, a régulièrement été questionné dans le débat public. En 2016, l’actuel président du Rassemblement national, Jordan Bardella, alors conseiller régional d’Ile-de-France, affirmait sur les réseaux sociaux : « Quand on n’a rien à se reprocher, on ne fuit pas la police. »
Un raisonnement inaudible encore aujourd’hui pour de nombreux jeunes qui partagent leurs expériences sur les réseaux. Comme Marouane, 18 ans, qui diffuse sur TikTok les contrôles de police qu’il subit au quotidien : « Si les personnes qui tiennent ces propos se faisaient contrôler en continu comme moi et qu’ils voyaient la face cachée de la police, je ne pense pas qu’ils diraient ça. » Manageur d’un restaurant en région parisienne, il affirme ne pas se sentir « à l’aise » lorsqu’il aperçoit la police et « essaie d’éviter les contrôles » le plus possible.
La peur de l’uniforme
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