L’ingérence et la désinformation russes ont été la toile de fond des récentes élections européennes. D’abord en Moldavie, où les libéraux pro-européens ont triomphé fin septembre, et désormais en République tchèque, où le populiste milliardaire Andrej Babis a remporté les législatives [lors des élections des 3 et 4 octobre]. La menace russe, dans ces deux pays, est bien réelle et se superpose au succès des populistes et des nationalistes de droite auprès de l’opinion publique. Cet engouement restructure en profondeur l’ensemble du monde démocratique.
L’ingérence électorale de la Russie est bien documentée : depuis des décennies, les partis d’extrême droite en France, en Italie et en Autriche courtisent le Kremlin en échange d’un soutien financier. Pourtant, c’est une erreur d’exagérer l’impact électoral de ces collusions, ou de supposer que les condamner permettrait de discréditer les partis populistes.
Les Etats-Unis offrent un exemple édifiant de ce phénomène. L’obsession des démocrates pour la proximité présumée du président Donald Trump avec le président russe Vladimir Poutine en 2016 n’a pas fait dérailler son mouvement. Les enquêtes ont confirmé l’ingérence russe, mais au lieu d’affaiblir Trump elles ont renforcé son récit de persécution et de défi. Malgré ces scandales, et malgré les mesures de lutte contre la manipulation mises en place par l’administration du président Joe Biden, Donald Trump a été réélu en 2020.
Erreur d’analyse
Comment expliquer que les accusations de proximité avec la Russie ne suffisent pas à freiner l’avancée, partout dans le monde, des pouvoirs autoritaires ? La réponse est simple : pour de nombreux électeurs d’extrême droite, la Russie de Poutine n’est pas perçue comme néfaste. Alors que des pays comme la République tchèque, la Hongrie et la Pologne ont connu l’oppression soviétique, le « conservatisme sain » de Poutine reflète ce que les électeurs de droite recherchent réellement chez eux.
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