A J-2 du départ du Tour de France, les cas positifs au Covid-19 au sein du peloton font ressurgir les mauvais souvenirs des éditions 2020 à 2022, et certaines équipes envisageant de rétablir des protocoles sanitaires : port du masque dans les zones de départ et arrivée, gestes de distanciation avec le public, etc. Les coureurs affichaient cependant une humeur généralement fort détendue lors de la présentation des équipes, jeudi 27 juin sur les hauteurs de Florence éblouies par le soleil couchant, pour le premier départ italien de l’histoire de la Grande Boucle.
Plus tôt dans la journée, le vainqueur du Tour de France 2019 et 2020, Tadej Pogacar (Team UAE-Emirates) révélait avoir contracté le coronavirus il y a une dizaine de jours. « C’était comme un simple rhume et j’ai pu rapidement reprendre l’entraînement sur home trainer », ajoutait le Slovène, qui a surclassé le Tour d’Italie entre le mois de mai et début juin.
Deux autres coureurs n’ont pas eu cette chance, contraints de déclarer forfait pour cause de Covid. L’Américain Sepp Kuss (Visma-Lease a Bike), lauréat du dernier Tour d’Espagne, a annoncé son retrait en début de semaine, une perte majeure dans la montagne pour son équipier Jonas Vingegaard, en lice pour un nouveau maillot jaune. Le Britannique Tao Geoghegan Hart, nouveau leader du Team Lidl-Trek, a dû jeter l’éponge pour les mêmes raisons, déclarant dépité : « On croyait que le Covid-19 avait disparu ». Ces deux coureurs de premier plan ont contracté ou développé le virus lors du Critérium du Dauphiné (du 2 au 9 juin) où de nombreux coureurs ont présenté des symptômes inquiétants.
« C’est simple, on l’a tous eu ! », constate l’ancien champion de France Valentin Madouas (Groupama-FDJ), lui-même malade lors la deuxième étape, « à plat et au fond du lit », mais qui a insisté pour terminer l’épreuve. « Je ressentais comme une grosse bronchite, avec impossibilité de me mettre à fond sur le vélo, décrit le Finistérien. La maladie est passée grâce au repos. » Son compagnon de chambre sur le Dauphiné, David Gaudu, a également été touché, au point d’annuler sa participation aux championnats de France le week-end passé.
Compte tenu de cette recrudescence ce cas, par ailleurs difficiles à diagnostiquer avec des tests antigéniques – les professionnels de santé recommandent d’utiliser des tests PCR –, certaines équipes envisagent de procéder à des tests réguliers pendant ce Tour de France. « Un test pour tous les coureurs tous les trois ou quatre jours », précise Marc Mardiot, manageur de la Groupama-FDJ. Le Team Visma-Lease a Bike, vainqueur sortant du Tour, a annoncé un dispositif sanitaire sans en préciser encore les contours. De son côté, Amaury sport organisation (ASO), qui organise la Grande Boucle, ne prévoit pas l’instauration d’une nouvelle « bulle » pour les équipes, protocole sanitaire en vigueur en 2020 et 2021.
La résurgence du Covid-19 sur le Tour de France ne surprend pas les épidémiologistes. « Comme il n’y a plus de précaution particulière, le Covid-19 semble se répandre comme une traînée de poudre », explique le professeur Antoine Flahault, directeur de l’Institut de Santé globale de Genève. « Ceci d’autant plus qu’on observe une vague d’intensité assez forte en Europe et en Amérique du Nord, mue par des sous-variants d’Omicron du groupe FLiRT (JN.1, KP.2, KP.3) qui ont la caractéristique d’être très transmissibles, poursuit le récent auteur de Prévenez-moi ! Une meilleure santé à tout âge (Robert Laffont). Il n’est donc pas étonnant d’observer que cette vague affecte les coureurs du Tour de France. Les footballeurs de l’Euro et les athlètes des JO de Paris pourraient ne pas être épargnés non plus ».
Selon lui, si on « ne redoute certes pas tellement les formes graves et les hospitalisations chez ces sportifs jeunes et en bonne santé présumée (…) les symptômes du Covid-19 peuvent altérer notablement les performances sportives ». Et le déroulement de l’édition 2024 du Tour de France pourrait en être altéré.