Politique Éditrice 0 2023-07-25

Le pays étant indigné après les attaques extrémistes de 2015, le maire de Paris a pensé que ramener les Jeux dans la capitale française aiderait à rebondir et à guérir.

Pour le maire de Paris, le voyage de la ville vers les Jeux olympiques de l'année prochaine a été considéré comme une opportunité pour la France de rebondir et de guérir.

Après que le pays ait été outré par les meurtres en 2015 de 17 personnes par des hommes armés agissant au nom d'al-Qaïda et du groupe État islamique, l'idée d'organiser les Jeux Olympiques a donné de l'espoir.

Anne Hidalgo dit que les attentats à Charlie Hebdo, un journal satirique provocateur et un supermarché parisien ont été "vraiment fondamentaux" pour l'amener à l'idée de ramener les Jeux dans la capitale française pour la première fois depuis 1924.

"Ce qui m'a vraiment fait peur à ce moment-là, c'est d'entendre des jeunes, même des enfants, expliquer que les terroristes étaient des héros et que Charlie était coupable d'avoir poussé trop loin la liberté d'expression", dit Hidalgo, faisant référence à Charlie Hebdo, le journal qui a caricaturé à plusieurs reprises le prophète musulman Mahomet.

"Je me suis dit que ça allait vraiment, vraiment, vraiment mal, et qu'il fallait absolument trouver quelque chose qui donne aussi du recul, de l'élan, aux jeunes, au pays. Et les Jeux peuvent être ce moment fédérateur.

La France en pleine effervescence sociale

Paris entend user de ses charmes pour épater le public, à commencer par un spectacle d'ouverture aquatique sans précédent le 26 juillet 2024.

Mais le contexte, en France et au-delà, est délicat.

Les émeutes à travers la France le mois dernier, déclenchées par la fusillade mortelle par la police d'un adolescent dans la banlieue parisienne, ont mis à nu les clivages sociaux, raciaux et politiques qui sapent l'image d'une France confiante et dynamique que les organisateurs des Jeux veulent projeter.

Avant ces six nuits de violences, il y a eu aussi cette année des manifestations soutenues contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron. Pris ensemble, les troubles ont fait craindre davantage de turbulences pendant les Jeux. Les enquêtes de la police anti-corruption française sur l'attribution d'un petit nombre de contrats olympiques sont également préoccupantes.

Les organisateurs insistent sur le fait qu'ils restent sur la bonne voie pour offrir des Jeux sûrs et inclusifs qui visent également à être plus écologiques que jamais, en partie en utilisant des sites existants ou temporaires au lieu d'en construire de nouveaux.

Avec des dépenses prévues de 8,8 milliards d'euros (9,7 milliards de dollars), les Jeux devraient coûter considérablement moins que les 15,4 milliards de dollars de Tokyo pour les Jeux olympiques de 2021 retardés par la pandémie.

Paris a aussi besoin de dés pour rouler son chemin.

Ses Jeux dépendront de réseaux de transports publics bondés et de travailleurs des transports qui ne saisiront pas l'occasion en or de faire grève pour de meilleures conditions.

Utiliser les monuments parisiens comme lieux extérieurs offrira des visuels saisissants. Mais les athlètes et les spectateurs pourraient souffrir si la France subissait une autre de ses vagues de chaleur qui s'aggrave.

Et la cérémonie d'ouverture prévue pour un demi-million de spectateurs, la plupart regardant gratuitement, le long de la Seine a des besoins de sécurité époustouflants.

"L'image de la France est en jeu", a déclaré à AP l'organisateur en chef des Jeux, Tony Estanguet, lors d'une interview.

Interdiction de la Russie ?

Les athlètes ukrainiens déclarant qu'ils préféreraient rester à l'écart plutôt que d'affronter des concurrents de l'agresseur russe et de son allié militaire biélorusse, l'idéal du sport du Comité international olympique en tant que vecteur de solidarité humaine est mis à mal.

Hidalgo fait partie des supporters internationaux de l'Ukraine qui demandent l'interdiction des athlètes russes. Mais cela irait à contre-courant pour Thomas Bach, le président du CIO dont la carrière d'escrimeur a été mise à mal par le boycott des Jeux de Moscou en 1980 après l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique. Bach n'a pas pu défendre son titre olympique par équipe avec l'Allemagne de l'Ouest.

Le président du CIO a cherché à traverser sur la pointe des pieds le champ de mines géopolitique avec une voie qui pourrait voir les Russes et les Biélorusses se qualifier de concurrents neutres.

Mais cela pourrait aigrir l'ambiance à Paris.

"Si Paris prétendait qu'il ne se passait rien, beaucoup de pays, beaucoup d'Européens, ont dit qu'ils boycotteraient", prévient Hidalgo. « Il reste encore un an. J'espère vraiment que l'Ukraine gagnera. J'espère vraiment que la guerre sera derrière nous.

La France a un an pour évoquer une célébration qui achèverait son parcours depuis 2015 et répondrait avec force à l'extrémisme qui cherchait à faire taire Charlie Hebdo. Paris a également été de nouveau attaqué plus tard cette année-là avec des assauts de suivi contre la salle de concert du Bataclan et d'autres sites qui ont tué 130 autres personnes.

"Pour nous, les Jeux ont été une façon de regarder vers l'avenir et aussi d'envoyer un message, je pense, au monde entier : 'Oui, nous avons été attaqués. Oui, nous avons peut-être subi certaines des choses les plus cruelles », déclare l'adjoint au maire Pierre Rabadan, chargé de la planification olympique à la mairie.

"Mais voilà", ajoute-t-il. "Nous n'abandonnons pas - ni dans notre façon de penser, ni dans la façon dont nous sommes et ni dans l'accueil du monde."