Contacté par téléphone via une messagerie cryptée, il s’exprime depuis un lieu tenu secret où il a été placé pour sa sécurité. La vie de Siamak Tadayon Tahmasbi, un activiste iranien réfugié aux Pays-Bas, est menacée. Le 6 juin, ce journaliste indépendant très suivi en Iran a échappé de justesse à une tentative d’assassinat.

Un mois plus tôt, le 2 mai, il avait surpris une tentative d’intrusion dans son appartement d’Haarlem, non loin d’Amsterdam. Se sachant menacé, il raconte avoir ensuite passé trente nuits sans dormir, fumant sans cesse, mangeant à peine, les yeux rivés sur les images de la vidéosurveillance, attendant ceux qui devaient venir le tuer. Après un mois d’insomnie, deux silhouettes ont jailli sur l’écran de contrôle avant de tenter de franchir le balcon de son logement.

Siamak Tadayon Tahmasbi a eu le temps d’alerter la police. Les deux intrus ont aussitôt été interpellés « en possession d’armes à feu », a précisé au Monde le parquet de la région nord des Pays-Bas : l’un est de nationalité colombienne, le second, Mehrez Ayari, est un délinquant tunisien de 38 ans qui a grandi et vécu en France, à Villejuif précisément, dans le Val-de-Marne. Son arrestation a mis un terme à une fuite en avant vertigineuse qui aura duré près de deux ans, comme l’avait révélé Le Monde le 19 juin.

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Recherché depuis août 2022 par la police française pour le meurtre d’un petit trafiquant de cannabis du Val-d’Oise, Mehrez Ayari est en effet devenu pendant sa cavale le principal suspect de la tentative d’assassinat dont a été victime un homme politique espagnol, Alejo Vidal-Quadras, qui a survécu par miracle à une balle tirée en plein visage dans les rues de Madrid, le 9 novembre 2023. Fondateur du parti d’extrême droite Vox et ancien vice-président du Parlement européen, M. Vidal-Quadras est aussi un soutien historique de l’opposition iranienne.

La main de Téhéran

L’identité de Siamak Tadayon Tahmasbi était jusqu’ici restée une information « très sensible », protégée par les polices européennes : elle renforce l’hypothèse selon laquelle, derrière le délinquant de Villejuif suspecté d’avoir été recruté comme tueur à gages, c’est bien la main de Téhéran qui se cache derrière ces deux projets d’assassinat ratés en Espagne et aux Pays-Bas.

Si Siamak Tadayon Tahmasbi a tenu à raconter son histoire, c’est avant tout parce qu’il est convaincu que sa médiatisation renforcera sa sécurité. « Quand j’ai eu connaissance de son profil [celui de Mehrez Ayari], j’étais à moitié content parce que la police avait interpellé un gros poisson, et à moitié inquiet, parce que cela signifiait que la République islamique voulait vraiment me tuer : elle avait envoyé un professionnel », confie-t-il.

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