La principale du collège Jules-Ferry de Tours, Catherine Polito, se dit encore « surprise » de la tempête qu’elle a dû affronter ces dernières semaines. Comme chaque année, le collège prévoit début février un temps d’échanges de deux heures sur la « vie affective et les relations filles-garçons » pour les quatre classes de 3e de l’établissement. L’infirmière scolaire est accompagnée pendant ces séances de membres du personnel de santé de la PMI (protection maternelle et infantile) d’Indre-et-Loire. Leur intervention s’appuie sur une exposition itinérante, conçue par le département en 2011 et intitulée « 2XY », qui aborde les différents aspects de la vie affective et sexuelle : l’anatomie du corps, le respect, le consentement…
Après avoir pris connaissance de l’exposition, les élèves déposent leurs questions écrites sur ces différents sujets de manière anonyme et les intervenants y répondent. « Un classique » de l’éducation à la sexualité, selon la principale, qui juge ces séances « essentielles » pour « protéger les élèves des conduites à risques » et « promouvoir l’égalité filles-garçons », conformément à une circulaire de 2018 qui précise les objectifs de l’éducation à la sexualité dans le cadre scolaire. Depuis 2001, une loi a rendu obligatoires trois séances annuelles, du CP à la terminale. Dans les faits, une minorité d’élèves bénéficie de l’ensemble de ces séances.
Tout aurait dû s’arrêter là au collège Jules-Ferry de Tours. Mais, lundi 5 février, la principale est prévenue que cette intervention est désignée à la vindicte populaire sur les réseaux sociaux par l’association Parents en colère, réputée proche des sphères complotistes et de l’extrême droite. « Alertée » par une mère d’élève, l’association met en avant une séance qui aurait évoqué la « masturbation des bébés », « schématisé les positions sexuelles et la manière de prendre du plaisir » ou « la possibilité d’avoir des rapports sexuels dès 9 ans ». « Des mensonges », s’indigne la principale, qui y voit une « attaque contre le rôle de l’école ». Quelques jours plus tard, une dizaine d’adultes non connus du collège distribuent des tracts aux élèves à la sortie de l’établissement pour leur demander de ne pas assister à ces séances.
« Campagnes de désinformation »
Devant cet emballement, la cheffe d’établissement dépose plainte pour diffamation le 7 février. Le conseil départemental fait de même le 13 février. « Tout ce qui est présenté dans le cadre de l’exposition a été validé et participe de nos missions de prévention », affirme Judicaël Osmond, vice-président du conseil départemental. La situation est inédite pour l’élu comme pour le personnel du collège. Christian Mendivé, directeur académique des services de l’éducation nationale d’Indre-et-Loire, s’étonne encore : « La prévention effectuée au collège a rarement été polémique. L’idée de préserver les adolescents de conduites à risques me semble consensuelle et répond à notre mission de service public. »
Il vous reste 65.19% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.