Son audition, début mai, par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales n’aura pas convaincu. Carla Bruni-Sarkozy a été convoquée pour une possible mise en examen dans l’enquête sur la rétractation de Ziad Takieddine, l’un des accusateurs de son mari dans l’enquête sur le supposé financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007, a appris Le Monde dimanche 30 juin, confirmant une information de l’Agence France-Presse (AFP). En l’absence de mise en examen, la mannequin et chanteuse pourrait être placée sous le statut, plus favorable, de témoin assisté.

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Contactés, ses avocats, Paul Mallet et Benoît Martinez, n’ont pas répondu à notre sollicitation. Selon l’AFP, leur cliente « encourt des poursuites pour recel de subornation de témoin, association de malfaiteurs en vue de la préparation d’escroqueries au jugement en bande organisée et en vue de la corruption de personnels judiciaires libanais ».

Si l’enquête concernant le supposé financement libyen de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy de 2007 est close – dans ce dossier, l’ancien chef de l’Etat sera jugé début 2025 pour « recel de détournement de fonds publics », « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « association de malfaiteurs » –, celle sur les manœuvres destinées à tromper la justice et influencer l’opinion publique se poursuit.

Ligne secrète

En octobre 2020, Ziad Takieddine, un affairiste désargenté que Nicolas Sarkozy considère comme son « principal accusateur » dans l’enquête sur le financement de sa campagne, s’était vu promettre plusieurs millions d’euros en échange de sa rétractation.

Pour recueillir ses propos et en capter les images, Mimi Marchand, la papesse de la presse people proche de Carla Bruni, s’était rendue au Liban, où vit Ziad Takieddine depuis sa condamnation en France, en juin 2020, dans l’affaire de Karachi, accompagnée d’un journaliste, d’un photographe de presse et d’intermédiaires. Face au peu d’intérêt médiatique et judiciaire suscité par le revirement retranscrit dans Paris Match et diffusé sur BFM-TV, il avait été décidé de retourner au Liban en décembre 2020, cette fois pour demander à Ziad Takieddine la signature d’un document officiel signé devant notaire.

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Les enquêteurs soupçonnent que l’ancien président de la République aurait été tenu au courant de ces deux manœuvres – voire les aurait approuvées – via sa compagne, Carla Bruni-Sarkozy. Selon l’AFP, cette dernière aurait fait ouvrir une ligne secrète, afin de recevoir les messages de Mimi Marchand concernant le déroulement de l’opération. Interrogée en mai à ce sujet, l’ancienne première dame avait répondu aux enquêteurs que « ce [n’était] pas [son] numéro », estimant que Mimi Marchand avait agi seule, « [utilisant] le nom de [son] mari et le [sien] (…) pour se donner du poids auprès de ses compères ».

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