Leurs portraits sont partout. Les visages des otages accueillent les visiteurs dès l’aéroport Ben-Gourion, à Tel-Aviv. Ils ornent les pancartes des manifestations quotidiennes organisées pour leur soutien. Ils passent en boucle sur les chaînes de télévision. Alors que le monde s’indigne de la catastrophe humanitaire qui s’abat sur la bande de Gaza – le nombre de 35 000 morts vient d’être atteint, selon le ministère de la santé local –, Israël, avec ces images, vit dans le traumatisme du 7 octobre 2023, la plus terrible attaque de son histoire jamais subie sur son territoire, lors de laquelle 1 170 personnes ont été tuées.

Partie intégrante de l’attaque du Hamas, la prise d’otages de 252 personnes demeure au cœur de la vie politique israélienne. Sur ce nombre, 112 ont été libérés dans le cadre d’un échange à la fin de novembre 2023 et 19 dépouilles ont été retrouvées – dont trois otages tués par erreur par des soldats israéliens. Ce qui laisse 121 personnes, dont 84 présumées vivantes, auxquelles il faut en ajouter quatre, détenues par le Hamas avant le 7 octobre. L’organisation islamiste a assuré même qu’il ne détenait plus que 40 otages vivants répondant aux critères fixés par l’Etat hébreu pour conclure un cessez-le-feu – des femmes, dont cinq soldates, des enfants, des personnes âgées et des malades – et envisager un échange avec des prisonniers palestiniens, détenus en Israël.

Personne enlevée (y compris dépouilles de
personnes tuées)

Personne tuée lors de l’attaque du 7
octobre 2023

Attaque du Hamas, entre le 7 et le 9
octobre 2023

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avoir des informations sur les otages

Nir Oz

Ce kibboutz, établi en 1955 à moins de
3 kilomètres de la bande de Gaza, comptait quelque 400 habitants. Environ
un quart d’entre eux ont été assassinés, enlevés ou blessés très grièvement lors de
l’attaque du 7 octobre.

Trente-six habitants de Nir Oz sont
toujours retenus à Gaza : parmi eux, une dizaine dont la mort a été confirmée par les
autorités israéliennes et les deux derniers enfants toujours captifs, Ariel et Kfir Bibas,
dont la mort a été annoncée le 29 novembre par le Hamas à la suite d’un bombardement
israélien à Khan Younès, sans être confirmée par Israël.

Festival de Nova

Ce festival de musique électronique se tenait
à proximité du kibboutz de Réïm, et se poursuivait au petit matin du
samedi 7 octobre 2023, lorsque les commandos du Hamas ont pénétré en territoire
israélien. Environ 3 500 personnes y participaient. 364 d’entre elles ont été
assassinées – soit plus du quart du total des victimes – et plus d’une quarantaine ont été
kidnappées. Israël doit encore obtenir la libération de vingt-huit otages enlevés sur les
lieux du festival, ainsi que la restitution des dépouilles de plusieurs participants morts le
7 octobre ou au cours de leur captivité. Cinq d’entre eux ont été libérés, lors de la trêve
temporaire de fin novembre 2023.

Beeri

Dans ce kibboutz de
1 100 habitants, qui fêtait son 77e anniversaire la veille de
l’attaque du Hamas, vivaient de nombreuses femmes et hommes de gauche, engagés pour les droits
des Palestiniens. Le 7 octobre 2023, un habitant sur dix y a été tué et
34 personnes ont été enlevées : au 15 mai, les familles attendaient le retour de
quatre d’entre elles, ainsi que la restitution de neuf dépouilles.

Base de Nahal Oz

Située à moins d’un kilomètre de la frontière
avec Gaza, à proximité du kibboutz de Nahal Oz, cette base hébergeait l’unité 414 du Corps
de défense des frontières, chargée de la surveillance des frontières et composée essentiellement
de femmes. Au moins trois mois avant l’attaque du Hamas, ces soldates avaient signalé des
événements inhabituels à la frontière de Gaza, sans que cela soit pris en compte par les
responsables des renseignements. Lors de l’attaque du 7 octobre, quinze d’entre elles ont
été tuées, et six ont été prises en otage, cinq le sont toujours, ainsi que
deux habitants du kibboutz.

Kfar Aza

Fondé en 1951, ce kibboutz comptait
700 habitants. Lors de l’attaque du 7 octobre, les hommes du Hamas ont tué au moins
51 personnes, et pris en otages une vingtaine d’habitants, principalement femmes, enfants
et personnes âgées. Le 15 décembre, deux otages originaires de Kfar Aza ont été tués
par erreur par l’armée israélienne, à Gaza, ainsi qu’un ouvrier agricole enlevé dans le kibboutz
de Nir Am. Cinq personnes sont toujours otages à Gaza.

Sdérot

Cette ville-frontière, située à seulement
1 km du nord de la bande de Gaza, vivait depuis des années sous la menace des roquettes du
Hamas. Le 7 octobre, les combattants du Hamas y pénètrent en tuant de nombreux civils, dont
les 15 passagers d’un minibus touristique, des retraités se rendant à la mer Morte, avant
d’attaquer le poste de police local. Aucune personne n’y a été enlevée et emmenée à Gaza.

Des quelque 34 000 personnes qui
vivaient dans la ville avant l’attaque du Hamas, il n’en reste plus que quelques milliers.

Travailleurs thaïlandais

La Thaïlande est le deuxième pays le plus
représenté au sein des otages toujours aux mains du Hamas, avec huit ressortissants. Les
travailleurs immigrés thaïlandais représentent le premier contingent de travailleurs agricoles
étrangers en Israël : avant l’attaque du Hamas, environ 30 000 étaient employés
dans les fermes et les kibboutz, dont 5 000 autour de la bande de Gaza. Ils y ont
remplacé la main-d’œuvre palestinienne, dont les permis de travail ont été limités ces vingt
dernières années.

Trente-neuf ressortissants thaïlandais
ont été tués lors de l’attaque du 7 octobre, et une trentaine d’entre eux ont été
enlevés : 23 d’entre eux ont été libérés, lors de la trêve temporaire de
novembre 2023.

Autres travailleurs thaïlandais enlevés dans
les territoires limitrophes de la bande de Gaza (lieu précis inconnu)

Soldats israéliens

D’après un décompte de l’armée israélienne,
au moins 306 soldats en service ont été tués lors de l’attaque du Hamas, entre le 7 et
le 9 octobre 2023. Vingt soldats et dépouilles ont été emmenés dans la bande de
Gaza. Parmi les militaires, exclus des négociations sur les otages entre le Hamas et l’Etat
d’Israël, quatorze s’y trouvent toujours (dont 5 soldates de Nahal Oz).

Autres soldats en service enlevés dans les
territoires limitrophes de la bande de Gaza (lieu précis inconnu)

Sources : oct7map.com ;
collectif7octobre.org ; ministère des affaires étrangères israélien ; OpenstreetMap ;
Haaretz, Le Monde

Chaque jour vient raviver la blessure. Vendredi 24 mai, l’armée israélienne a annoncé avoir récupéré les dépouilles de trois otages, dont un Franco-Mexicain, Orion Hernandez-Radoux. Deux jours plus tôt, mercredi, le Forum des disparus et des otages diffusait une vidéo montrant la capture de cinq soldates, le 7 octobre, dans la base militaire de Nahal Oz, à proximité de Gaza. Le cabinet de guerre, dans la foulée, a accepté la reprise des négociations.

Lire aussi le reportage | Article réservé à nos abonnés En Israël, les familles des otages craignent que leur cause soit oubliée

En échange des otages israéliens, le Hamas réclame la libération de centaines de prisonniers palestiniens – y compris des cadres comme Marwan Barghouti, membre du Fatah, l’un des hommes politiques les plus populaires de Palestine –, le retrait des forces israéliennes de Gaza, un cessez-le-feu durable et la reconstruction de l’enclave – détruite à quelque 70 %, selon l’ONU. Parmi ces exigences, la forme de la trêve est le principal point d’achoppement. Le Hamas veut un retrait total des troupes israéliennes et la fin de la guerre commencée le 7 octobre, ce qui permettrait son retour au pouvoir dans la bande de Gaza. Israël plaide pour un cessez-le-feu temporaire, afin de démanteler les capacités militaires du mouvement islamiste palestinien.

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