Le ton se veut ouvert, les participants ont été invités à tomber la cravate. Au centre, le président chinois est en chemise blanche et blouson bleu marine, souriant, invitant à l’échange. En cette journée de la fin mai, Xi Jinping est à Jinan, capitale de la province côtière du Shandong, pour un symposium avec des patrons et des professeurs d’économie. Plutôt côté pragmatique que dogmatique.

La rencontre a deux objectifs, entendre les commentaires des milieux d’affaires, mais surtout rassurer, montrer que la direction du Parti communiste chinois (PCC) est à l’écoute et à la hauteur des défis auxquels fait face la deuxième économie mondiale. Histoire de donner le ton à l’approche du troisième plénum du PCC, qui se tiendra du 15 au 18 juillet, rendez-vous où il est coutume de donner l’impulsion pour l’économie nationale pour les cinq prochaines années.

Bien sûr, c’est d’abord le président qu’écoutent les hommes d’affaires : le patron de la marque de chaussures de sport Anta, celui de Bosch Chine, ou le codirigeant du groupe Li & Fung auquel ont recours les géants de l’habillement pour trouver leurs usines.

Moins de financements étrangers

Mais le chef de l’Etat chinois pose à son tour une question : « Quelle est la raison première du déclin du nombre de nos licornes ? » Les licornes, ce sont les start-up non cotées dont la valorisation dépasse 1 milliard de dollars. La raison est évidente : le Parti a mis au pas les géants de la tech, faisant un exemple avec Alibaba, dont le fondateur, Jack Ma, avait pris trop d’importance et osé critiquer le régulateur bancaire. Ses branches logistiques, service de cloud et livraison de produits ont dû décaler leur introduction en Bourse.

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Pékin contraint également les entreprises chinoises à moins recourir aux financements étrangers, notamment américains. Or 70 % des 369 licornes chinoises recensées en 2023 ont reçu des fonds étrangers. On ne sait pas si la question de Xi Jinping a reçu une réponse sur le moment, mais les internautes se sont permis de relever que la raison est à chercher autour du président en personne.

La séquence a une nouvelle fois donné le sentiment d’une ambivalence : lorsque le PCC veut rassurer, il envoie quasi systématiquement, de manière voulue ou non, des signaux pointant dans le sens inverse, celui du renforcement du contrôle.

Soutien aux usines

Cette incapacité à donner un signal clair glace non seulement les milieux d’affaires, mais aussi les citoyens chinois qui, inquiets pour l’avenir, consomment peu. Lors de la session annuelle de l’Assemblée nationale populaire, le 5 mars, le premier ministre, Li Qiang, lance un plan pour une « année de la consommation (…) sans souci ».

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