Le président français Emmanuel Macron s’est adressé à son pays mercredi après des semaines de manifestations et de grèves contre un projet de relèvement de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Au cours de l’interview très attendue, télévisée sur TF1 et France 2, Macron s’est tenu fermement derrière son gouvernement régime de retraite très controversé.
La réforme des retraites devrait être promulguée d’ici la fin de l’année
Macron a déclaré que sa refonte contestée des retraites était “nécessaire” pour équilibrer le système de retraite français au cours des prochaines années dans un contexte d’évolution démographique.
“Plus nous attendrons, plus il (le déficit) se détériorera”, a déclaré le président français, dont le gouvernement n’a pas réussi à convaincre le public – et en fait de nombreux économistes – de la nécessité d’une réforme.
« Cette réforme est nécessaire, elle ne me fait pas plaisir. J’aurais préféré ne pas le faire », a-t-il déclaré, appelant à ce que la réforme entre en vigueur d’ici la fin 2023.
Macron, dont le soutien est le plus élevé parmi les retraités et les travailleurs âgés, a déclaré que 1,8 million de retraités « commenceront à voir leur pension augmenter en moyenne de 600 euros par an » à la suite des changements.
Condamnation de la “violence”
Tout en reconnaissant les “manifestations légitimes”, le président français a promis une tolérance zéro pour la violence après des jours de troubles déclenchés par sa décision de contourner le Parlement en utilisant un pouvoir constitutionnel spécial appelé article 49.3.
Des avocats, des magistrats et des politiciens de l’opposition ont accusé des policiers d’avoir procédé à des centaines d’arrestations arbitraires pour tenter d’étouffer les manifestations antigouvernementales et des séquences vidéo de brutalités policières visant des manifestants et certains journalistes ont exprimé leur inquiétude.
“La foule, quelle qu’en soit la forme, n’a aucune légitimité face au peuple qui s’exprime à travers ses élus”, a-t-il dit, passant sous silence le fait qu’il a refusé à ces élus de voter sur sa réforme des retraites.
“Relancer” les discussions avec les syndicats sur les conditions de travail
Le président a également souhaité « renouer » le dialogue avec les partenaires sociaux sur les conditions de travail et entendre « le besoin de justice » exprimé par les manifestants. Il a promis que la discussion porterait notamment sur l’évolution des carrières ou la pénibilité, et se tiendrait “dans les prochaines semaines”.
Les syndicats n’ont pas tardé à réagir aux propos du président, l’accusant de “mépris” et de “mensonges” afin de “cacher son incapacité à trouver une majorité pour voter sa réforme injuste”.
Prêt à accepter “l’impopularité”
Le président français, qui ne peut pas se faire réélire après la fin de son second mandat en 2027, s’est dit prêt à accepter l’impopularité face à la réforme controversée, qui, selon les sondages, est opposée par plus des deux tiers des Français.
“Entre les sondages d’opinion à court terme et l’intérêt plus large de la nation, je choisis (ce dernier)”, a-t-il déclaré. “S’il faut accepter l’impopularité aujourd’hui, je l’accepterai.”
Macron a vu sa cote d’approbation chuter à 28% la semaine dernière, selon un sondage Ifop, son niveau le plus bas depuis la crise des gilets jaunes en 2019. Le sondage a été réalisé avant qu’il n’utilise des pouvoirs exécutifs spéciaux pour forcer sa réforme des retraites, ce qui a encore exaspéré ses détracteurs.
Une “contribution exceptionnelle” des grandes entreprises
Emmanuel Macron a dénoncé le “cynisme” de certaines “grandes entreprises” qui ont réalisé d’importants profits d’aubaine depuis le début de la guerre en Ukraine leur permettant de racheter leurs propres actions en bourse et leur a demandé “un apport exceptionnel” pour que « les travailleurs peuvent bénéficier » de cet argent.