Le dirigeant nationaliste hongrois et le pontife ont des points de vue radicalement différents sur la migration et la guerre en Ukraine.
Le pape François doit entamer une visite de trois jours en Hongrie où il rencontrera le Premier ministre ultra-nationaliste Viktor Orban.
Le voyage intervient dans le contexte de la guerre en Ukraine et des problèmes persistants liés à la migration, Orban adoptant une position controversée sur les deux.
Le pape de 86 ans est attendu à Budapest à 10 heures locales. Il restera dans la capitale hongroise l’intégralité de son séjour en raison de sa santé fragile, ayant été hospitalisé le mois dernier.
Malgré des visions communes – notamment sur la famille – les deux hommes diffèrent nettement sur plusieurs sujets.
Orban s’est engagé à promouvoir la “civilisation chrétienne”, en utilisant cela pour justifier une politique anti-migrants résolue qui a été condamnée à plusieurs reprises.
Pendant ce temps, le chef de l’Église catholique s’est positionné comme un défenseur des droits des réfugiés, exhortant les États membres de l’UE à offrir un accueil chaleureux et à les répartir équitablement dans tout le bloc.
Conscient de ce délicat jeu diplomatique, François prend soin de se présenter comme un « ami et frère de tous », tandis que les autorités insistent sur le caractère spirituel de sa visite.
Ils ont ajouté que le voyage n’était pas un “événement politique”.
En septembre, le pape a fait une escale de sept heures à Budapest, au cours de laquelle il a promis de retourner dans le pays d’Europe centrale de 9,7 millions d’habitants.
Environ 40% des Hongrois sont catholiques selon les derniers chiffres datant de 2011.
Dans la matinée, le pape argentin sera reçu au palais présidentiel par la présidente Katalin Novak – qui a déclaré aux médias qu’elle avait appris l’espagnol pour pouvoir converser avec lui.
Puis il rencontrera Orban, au pouvoir depuis 2010.
A midi, le Pape prononcera un premier discours très attendu devant les autorités et les diplomates.
Il pourrait renouveler ses appels à la paix dans l’Ukraine voisine, un conflit qui pourrait devenir le thème majeur de sa visite.
Si le souverain pontife condamne “l’agression” contre l’Ukraine, cela pourrait créer une rupture avec Orban, soucieux de maintenir des liens avec Moscou.
Le dirigeant hongrois s’est abstenu de critiquer le président russe Vladimir Poutine et refuse d’envoyer des armes à Kiev, bien qu’il n’ait pas torpillé les sanctions de l’UE, comme certains le craignaient.
Selon Zoltan Kiszelly, directeur du groupe de réflexion pro-gouvernemental Szazadveg, le Premier ministre hongrois mettra l’accent sur “des visions communes”, alors que la visite pourrait récolter des bénéfices “sur le plan interne”.
Vendredi après-midi, le pape rencontrera le clergé local à la basilique Saint-Étienne, devant laquelle des écrans géants et des chaises ont été installés.
De lourdes mesures de sécurité ont été déployées dans la ville de 1,7 million d’habitants, qui traverse le Danube.
“C’est merveilleux que le pape revienne en Hongrie si peu de temps après son dernier voyage”, a déclaré à l’AFP Annamaria Szentesi, une Hongroise de 32 ans.
“J’espère que son message principal sera celui de la paix dans le monde, ses paroles ont beaucoup de force”.
Pour son 41e voyage international depuis son élection en 2013, l’évêque de Rome rencontrera également des pauvres et des jeunes, outre des représentants universitaires et culturels, et présidera dimanche une messe en plein air.
Malgré son âge avancé et ses douleurs aux genoux l’obligeant à se déplacer avec une canne ou en fauteuil roulant, Francis continue de voyager.
Sortant de l’hôpital en avril, il a déclaré aux journalistes “Je suis toujours en vie”.
Il est le deuxième pape à se rendre en Hongrie, après les visites de Jean-Paul II en 1991 et 1996.