Une nouvelle vague de grèves mardi pour protester contre les plans du gouvernement français de relever l’âge de la retraite à 64 ans a déjà eu un impact sur les liaisons de transport et la production d’électricité.
TotalEnegies affirme qu’entre 75% et 100% des travailleurs de ses raffineries et dépôts de carburant sont en grève, tandis que le fournisseur d’électricité EDF a déclaré qu’il surveillait une baisse de puissance sur le réseau national équivalente à trois centrales nucléaires.
“Suite à l’appel à la grève, les expéditions de produits depuis les sites de TotalEnergies sont aujourd’hui interrompues mais TotalEnergies continuera d’assurer l’approvisionnement de son réseau de stations-service et de ses clients”, a indiqué la direction du groupe.
Dans les centrales EDF, les grévistes ont réduit les charges de “près de 3.000 MW” lundi soir, mais sans provoquer de coupures, a indiqué l’entreprise.
Des centaines de milliers de travailleurs devraient descendre dans la rue à travers la France mardi, pour une deuxième journée d’action revendicative que les syndicats espèrent être encore plus massive que la première, au début du mois.
Les autorités affirment qu’environ 1,12 million de manifestants se sont rendus le 19 janvier, tandis que les syndicats affirment que plus de deux millions de personnes ont pris part aux manifestations à ce moment-là.
Le réseau de transport touché par la grève
Le gouvernement avait mis en garde avant la grève de mardi contre une perturbation probable du réseau de transport français.
En région parisienne, le métro et les services ferroviaires locaux sont “très perturbés”, selon les responsables. Les services de TGV longue distance sont également impactés, tout comme les trains régionaux avec des services interurbains quasiment à l’arrêt.
L’opérateur ferroviaire SNCF a déclaré que seulement un train à grande vitesse sur trois TGV fonctionnera mardi tandis que des perturbations sont également attendues dans les aéroports français et sur les services ferroviaires transnationaux.
Cependant, à Lyon, il y avait au moins quelques services de bus et de tramway en service mardi matin, et il y a eu une augmentation notable du nombre de voitures sur la route alors que les navetteurs faisaient des plans alternatifs pour se rendre au travail.
A la gare routière de Bobigny à Paris, la retraitée Marie-Hélène Plautin est partie avec une heure et demie d’avance pour son rendez-vous médical, un trajet qui ne prend normalement qu’une demi-heure en tram.
“J’ai rendez-vous avec un médecin pour la première fois à Saint-Denis. Puisque je sais que cette grève va avoir lieu, je me demande si je pourrai y aller”, a-t-elle déclaré mardi matin.
A Bordeaux, Josselin et Alicia Frigier, 40 ans, viennent de rentrer de Madrid et après avoir passé plusieurs heures dans le bus, leur train pour La Rochelle a été annulé.
“Au lieu de cela, on leur a proposé un trajet en train d’une heure et un trajet en bus de trois heures”, a déclaré Alicia, tandis que son mari a concédé que la grève “est sûrement pour une bonne raison”.
Les manifestations de masse commencent mardi matin
Les marches de protestation devraient commencer à 10h00 CET, les dirigeants syndicaux s’attendant à “largement autant de personnes” qu’en janvier. “Du moins je l’espère”, a déclaré lundi Laurent Berger, le secrétaire général du syndicat CFDT.
Au cœur de leurs doléances figure un projet du gouvernement d’Emmanuel Macron de relever l’âge légal de la retraite de 62 à 64 ans d’ici 2030, avec une nouvelle loi qui entrera en vigueur en septembre 2023.
Afin de recevoir une pension à taux plein, la proposition du gouvernement stipule qu’il sera nécessaire de travailler pendant au moins 43 ans. À 67 ans, les travailleurs qui n’ont pas été actifs aussi longtemps recevront toujours une pension à taux plein.
Ceux qui ont commencé à travailler plus tôt pourront prendre leur retraite plus tôt, tandis que les travailleurs handicapés pourront prendre leur retraite plus tôt. Les travailleurs blessés seront également autorisés à prendre une retraite anticipée, indique la proposition.
Les régimes spéciaux de retraite actuels pour certains agents publics ne seront plus applicables pour les nouvelles recrues, mais la nouvelle proposition augmenterait la pension minimale de 100 € par mois.
Les syndicats et les partis de gauche français affirment que les changements proposés ne sont pas nécessaires pour financer le système de retraite français. Certains ont plutôt plaidé pour une augmentation des cotisations des employés et des employeurs et une répression de l’évasion fiscale.
Ils affirment que le plan pénalisera les plus vulnérables et augmentera les inégalités.