Nandan Nilekani, âgé de 70 ans, est cofondateur et président d’Infosys, géant des services informatiques en Inde. Il est également l’architecte d’Aadhaar, le système indien d’identification biométrique, le plus grand au monde, qui fait office de référence en la matière.
Que peut apporter l’intelligence artificielle (IA) dans un pays comme l’Inde en matière de développement ?
L’Inde est l’un des pays dans le monde où l’IA a le plus de mal à contribuer au développement, mais c’est aussi celui où elle peut faire la plus grande différence. Avec 22 langues officielles et des centaines de dialectes, le développement dépend de la possibilité, pour les citoyens, d’accéder aux services dans leur langue. L’IA peut leur permettre de le faire en tamoul, en marathi ou en assamais, et pas seulement en anglais.
Quelles sont les applications concrètes qui pourraient faire la différence ?
L’IA réduit les obstacles d’accessibilité. Elle rend simples, abordables et disponibles dans les langues locales des services qui étaient autrefois complexes, coûteux ou inaccessibles. Par exemple, le système de paiement numérique en temps réel de l’Inde, UPI, prend désormais en charge les commandes vocales en hindi et en tamoul. Cela permet à ceux qui ont des difficultés à écrire d’envoyer de l’argent à l’aide de la voix.
Dans le domaine de l’agriculture, les chatbots intégrés aident déjà les paysans à vérifier leur éligibilité aux prestations sociales du gouvernement dans leur langue locale. Et le projet gouvernemental « Vistaar » vise à créer un réseau pour les agriculteurs, comprenant des données sur les cultures, les sols, la météo et les marchés. Cela permettra à 200 millions d’agriculteurs à travers le pays d’avoir à portée de main des conseils fiables et localisés. Dans le domaine de la santé, les travailleurs sociaux dans les cliniques rurales peuvent, à partir de symptômes identifiés dans leur langue maternelle, recevoir en temps réels des conseils assistés par l’IA.
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