Avec l’intelligence artificielle (IA), la menace s’intensifie. L’industrie musicale a connu bon nombre de ruptures technologiques vertigineuses, entre le phonographe inventé à la fin du XIXe siècle, la radio, le streaming ou encore l’utilisation des samples, extraits sonores récupérés dans un enregistrement préexistant. Elle a réussi à s’adapter en continuant à défendre le droit d’auteur. Rien ne dit que cela puisse continuer. Selon une étude de la Confédération internationale des sociétés d’auteurs et compositeurs, l’IA risque de réduire de 24 % les revenus des créateurs du secteur musical à l’horizon 2028.

Au moment où s’ouvre, mercredi 15 octobre, à Paris, le Marché des musiques actuelles, ces sombres prévisions s’ajoutent à un constat bien peu encourageant : rien qu’en France, le marché de la musique enregistrée – bien qu’il soit dopé par l’essor du streaming – n’a toujours pas effacé ses années de crise. En 2024, il pesait 54 % seulement de ce qu’il représentait à son âge d’or en 2002. Or, jusqu’à présent, les moyens pour tenter de circonscrire les dangers de l’IA semblent aussi partiels qu’inefficaces.

En juin, le « vrai-faux » groupe The Velvet Sundown, suivi par plus de 3 millions d’auditeurs sur Spotify, s’est avéré être une création ex nihilo d’un système d’IA générative. The Smoothies présente les mêmes caractéristiques. L’IA favorise aussi les usurpations d’identité. La chanteuse britannique Emily Portman a ainsi découvert sur ses comptes Apple et Spotify un nouvel album, Orca, qu’elle n’avait jamais enregistré… Un faux album copiant sa vraie musique. Les exemples sont légion et le directeur général de Deezer, Alexis Lanternier, assure que « sur le million de nouveaux titres reçus chaque semaine, 280 000 proviennent à 100 % d’IA générative ». Deezer est la seule plateforme à prévenir clairement le consommateur qu’il a affaire à de la musique « non humaine », qui a pu être générée par IA. Ces titres sont alors sortis des playlists et des recommandations de Deezer.

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