Les responsables des recherches archéologiques de l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) présentent aux familles de harkis les derniers résultats des recherches concernant les tombes identifiées sur un site proche du Mémorial du camp de Rivesaltes, dans le sud-ouest de la France, le 28 avril 2025.

Les ossements retrouvés au cimetière de Rivesaltes appartiennent, selon toute vraisemblance, aux réfugiés harkis morts dans un camp de cette commune des Pyrénées-Orientales dans les années 1960 et dont les corps n’ont jamais été retrouvés, a fait savoir lundi 27 octobre à leurs familles le chercheur chargé de les analyser, selon la préfecture.

Lors d’une réunion à Perpignan, le professeur en anthropologie biologique Pascal Adalian a expliqué de Marseille, où se trouve son laboratoire, aux familles avoir identifié « le nombre minimum d’individus présents dans les ossuaires : au minimum 49 très jeunes enfants, de moins de 3 ans, et trois adultes », et situé leurs morts « au début des années 1960 » grâce à la datation carbone, a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) le secrétaire général de la préfecture, Bruno Berthet.

Le nombre d’ossements, ainsi que l’âge au moment de la mort, sont « cohérents » avec les personnes dont les corps avaient disparu. « Tout cela n’infirme pas l’hypothèse que ce soit bien les ossements des personnes harkis décédées sur le camp », a résumé M. Berthet.

Près de 22 000 harkis, le nom donné aux auxiliaires algériens de l’armée française, et membres de leurs familles sont passés par le camp Joffre, à Rivesaltes, après l’indépendance de l’Algérie, entre 1962 et 1965. Au moins 146, dont 101 enfants, sont morts et les corps de 60 d’entre eux, dont 52 bébés, n’ont jamais été retrouvés.

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Des milliers d’ossements

A l’automne 2024, des tombes ont été découvertes sur le périmètre du camp, mais une fois ouvertes, les sépultures se sont révélées vides. Puis les familles ont appris avec stupéfaction, le 21 février lors d’une visite de l’ex-ministre déléguée à la mémoire, Patricia Miralles, que les dépouilles avaient en fait été déplacées en septembre 1986. Quatre caisses contenant des milliers d’ossements avaient ensuite été retrouvées dans le cimetière communal de Rivesaltes.

Lundi, le professeur Adalian a dû rappeler aux 14 représentants de familles présents en personne ou en visioconférence « les limites de l’exercice », à savoir que ses conclusions, si elles établissent que 52 dépouilles se trouvaient dans les ossuaires, n’excluent pas qu’il puisse s’en trouver plus. « Il a pu aller au maximum de ce que la science lui permet », a expliqué Bruno Berthet. Des échanges ont ensuite eu lieu avec les familles, le tout pendant environ deux heures.

« Il y a des ossements d’une même personne qui ont été retrouvés dans deux caisses différentes, ça montre la sauvagerie avec laquelle ils ont extrait ces corps (…) Mon frère jumeau est dans ce magma d’ossements mélangés », a confié à une correspondante de l’AFP après la réunion l’un des descendants de harkis, Ali Amrane, à la recherche du corps de son frère.

Les familles devront dans les semaines ou les mois à venir décider du sort des ossements : le maire de Rivesaltes a proposé trois emplacements pour un potentiel lieu de recueillement au sein du cimetière de la ville, ainsi qu’une autre option sur le terrain de l’ancien camp de réfugiés.

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Le Monde avec AFP

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