
Si Colette (1873-1954) est encore célébrée pour ses romans intimes, sensuels et poétiques – notamment sa série des Claudine (1900-1903), Le Blé en herbe (1923) ou La Chatte (1933) –, dans lesquels, selon Jean Cocteau, elle avait su « transformer le quotidien en mythe et l’ordinaire en art », on a peut-être oublié d’autres facettes de son existence. Formidable touche-à-tout, écrivaine, journaliste, danseuse, Colette n’a jamais cessé de se réinventer. « Faire peau neuve, reconstruire, renaître, ça n’a jamais été au–dessus de mes forces », écrivait-elle dans La Naissance du jour, en 1928. Saviez-vous, par exemple, qu’elle ouvrit, en 1932, un salon de beauté à Paris, rue de Miromesnil ? Ou encore qu’elle céda son image à une publicité pour les cigarettes Lucky Strike ?
Présentée à la BNF, au moment où son œuvre entre dans le domaine public, la passionnante exposition « Les Mondes de Colette » propose un parcours en cinq thématiques (« Souvenirs sensibles », « Le monde », « S’écrire », « Le temps » et « La chair ») à travers plus de 300 documents : manuscrits, dessins, peintures, livres illustrés, photographies, dont plusieurs inédites. « Pour penser cette exposition, nous sommes partis du constat que l’œuvre de Colette, souvent qualifiée de très classique, aurait tout à fait pu être écrasée par la deuxième partie du XXe siècle, explique au “Monde des livres” Laurence Le Bras, cocommissaire de l’exposition, avec Emilie Bouvard et Julien Dimerman (tous trois codirecteurs de l’ouvrage Les Mondes de Colette, Gallimard/Bibliothèque nationale de France, 258 pages, 35 euros). Elle continue cependant à nous parler, dans sa capacité à traiter beaucoup de sujets, comme l’amour, avec une grande liberté, et sans jamais donner aucun jugement moral. Nous avons voulu retraverser son œuvre à partir des grands motifs qui la structurent. »
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