Face à des situations éminemment complexes, il est parfois utile de s’en tenir à quelques constats simples : hormis La France insoumise, qui demande la destitution du président de la République, et le Rassemblement national (RN), qui veut la dissolution de l’Assemblée nationale en escomptant marquer des points en cas d’élections législatives anticipées, aucune force politique représentée au Parlement n’a intérêt à jouer la crise et à laisser le pays sans budget pour 2026. En s’unissant autour du seul objectif de stabiliser le jeu politique avant l’échéance présidentielle de 2027, la droite, la gauche et le centre pourraient numériquement neutraliser les extrêmes. Et ce, sans être accusés de vendre leur âme puisque les débats de fond sont supposés être tranchés lors de la future campagne présidentielle.

Ce qui relève de l’évidence bute cependant sur des résistances si puissantes que deux premiers ministres, Michel Barnier et François Bayrou, ont été renversés en moins d’un an. Le troisième, Sébastien Lecornu, est tout sauf assuré de réussir. L’ancien ministre des armées a certes beaucoup appris de l’échec de ses prédécesseurs. Son humilité joue pour lui, de même que la révolution copernicienne qu’il a opérée en reconnaissant que le pouvoir n’est plus aux mains de l’exécutif mais dans celles du Parlement.

Le gage que le premier ministre a donné aux députés d’abandonner l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution, devenu depuis la réforme des retraites le symbole d’un pouvoir enfermé, n’est pas mince. Mais, en l’absence de coalition dûment assumée, son sort reste éminemment précaire : qu’il concède trop au Parti socialiste (PS) et aussitôt il perd la droite, mais qu’il ne lui cède pas suffisamment et la menace de la censure réapparaît.

Crispations

La très forte impopularité du président de la République, dont 58 % des Français souhaitent la démission selon l’enquête Ipsos « Fractures françaises » pour Le Monde, la Fondation Jean Jaurès, le Cevipof et l’Institut Montaigne, publiée le 20 octobre, est la principale raison du blocage persistant. Personne ne veut être soupçonné voire accusé de servir de béquille à Emmanuel Macron, considéré, depuis la désastreuse dissolution de juin 2024, comme le principal responsable de l’enlisement.

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