Depuis le début de l’année, les défenseurs de l’environnement et les acteurs de la cause climatique s’étaient faits à l’idée : au mieux, l’écologie serait reléguée au second plan de la campagne des élections européennes ; au pire, elle serait instrumentalisée par une partie de la droite et par l’extrême droite. La dissolution décidée par Emmanuel Macron au soir du 9 juin a plongé scientifiques, cercles de réflexion, militants et activistes dans des abîmes de perplexité et d’inquiétude.

Des dizaines de sujets de préoccupation (la biodiversité, l’alimentation, etc.), de secteurs et de filières (les énergies renouvelables, l’agriculture biologique, la rénovation thermique des bâtiments…) sont maintenant tributaires du choix des Français aux élections législatives du 30 juin et du 7 juillet. « Tous les partis ont maintenant identifié l’enjeu climatique, mais les réponses varient énormément, résume Caroline François-Marsal, spécialiste des politiques européennes au sein du Réseau Action Climat. Cela va de programmes qui permettent de se mettre dans les clous de l’accord de Paris à d’autres qui envisagent des vrais reculs sur les acquis des dernières années. »

RN : de nombreux reculs

Depuis une dizaine de jours, les trois principaux blocs, le Rassemblement national (RN), le Nouveau Front populaire (NFP) et la majorité présidentielle sortante (Ensemble pour la République) ont présenté leur programme. Et, en matière de climat et d’environnement, trois philosophies s’affrontent. Avec potentiellement des conséquences importantes pour les trajectoires climatiques de la France alors que le Haut Conseil pour le climat a salué, jeudi 20 juin, des « avancées significatives », mais encore « insuffisantes », pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Lundi 24 juin, lors de la présentation de son projet, le président du RN, Jordan Bardella, n’a pas dévié de la ligne qu’il avait défendue lors des élections européennes : la dénonciation d’une écologie prétendument punitive avec, à la clé, un assouplissement ou même une disparition des normes dans de nombreux domaines (logement, artificialisation des sols, etc.). « Du jour au lendemain, dans les campagnes françaises, on ne peut pas se déplacer en trottinette. La transition environnementale, elle doit être raisonnable », a-t-il résumé sur M6, lundi soir.

Dans le détail, le RN a présenté des mesures qui provoquent de nombreux reculs par rapport aux politiques déjà votées au niveau européen ou au niveau français. Le parti d’extrême droite veut ainsi abroger l’interdiction de la vente des véhicules neufs à moteur thermique en 2035, faire un moratoire sur les projets éoliens et refaire du nucléaire un « élément majeur du mix énergétique », baisser la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) de l’énergie à 5,5 %, lancer un vaste chantier de simplification des normes à l’automne… M. Bardella a déjà annoncé vouloir lever les obligations liées au diagnostic de performance énergétique qui deviendrait simplement « consultatif ». Idem pour le dispositif du « zéro artificialisation nette » qui vise à limiter l’artificialisation des sols dans les années à venir.

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