La bande de Gaza comptait, jusqu’à l’offensive israélienne toujours en cours, environ 4 % d’étudiants, une proportion comparable à celle des étudiants dans la population française. Ce degré élevé d’inscription dans l’enseignement supérieur est une conséquence paradoxale du blocus imposé à l’enclave palestinienne depuis 2007, blocus qui interdisait à l’écrasante majorité des jeunes concernés d’étudier en dehors de Gaza. L’ouverture de la première des douze universités du territoire découle d’ailleurs de la paix conclue en 1979 entre Israël et l’Egypte, qui accueillait jusque-là de très nombreux étudiants gazouis. Mais les manifestations à Gaza contre une telle paix, qui n’apportait aucune solution à la question palestinienne, entraînèrent en rétorsion par l’Egypte la fermeture de ses campus aux étudiants gazouis. C’est avec le soutien de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), dont l’Egypte avait été suspendue, que fut dès lors établie l’université islamique de Gaza (UIG), appelée « islamique » en l’honneur de l’OCI.

Des institutions toutes frappées

L’UIG s’est progressivement structurée autour de onze facultés, dont seulement deux peuvent être qualifiées d’« islamiques » (études religieuses et droit islamique), à côté des facultés de sciences, de finance ou d’éducation. L’UIG demeure une institution privée, à la différence des deux universités établies à l’initiative de Yasser Arafat et de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), soit l’université Al-Azhar, au campus situé dans la ville de Gaza, et l’université ouverte Al-Qods, spécialisée dans l’enseignement en ligne. Ce dispositif public est complété par l’université de Gaza et par celle d’Al-Aqsa, devenue en 2023 la plus importante de l’enclave palestinienne, avec quelque 26 000 étudiants. Les établissements ouverts plus récemment sont en revanche privés, à l’image de l’université de Palestine, à Al-Zahra, du Collège universitaire de sciences appliquées, très fier de sa pépinière d’entreprises, ou de l’université Al-Israa, ouverte en 2014, avec un Musée de l’histoire palestinienne prévu pour être inauguré… en 2024.

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Dès le 11 octobre 2023, soit quatre jours après le bain de sang terroriste du Hamas, l’aviation israélienne bombarde le campus de l’UIG, accusée de contribuer à la « production d’armements » pour la milice islamiste, des allégations qui n’ont jamais été accompagnées de preuves. Le même jour, l’université Al-Azhar, pourtant liée à l’OLP, est elle aussi frappée, des frappes qui se répètent les semaines suivantes, allant jusqu’à éventrer un mur d’enceinte recouvert du portrait d’Arafat. Le 15 novembre, c’est la branche à Gaza de l’université ouverte Al-Qods qui est bombardée. En décembre, des frappes israéliennes détruisent l’université de Gaza, ainsi que, dans le nord du territoire, la faculté d’agriculture d’Al-Azhar, qui avait été établie par une dotation du roi du Maroc, Mohammed VI.

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