Andrea Cozzolino et Marc Tarabella, deux eurodéputés pris dans le scandale de corruption qui secoue Bruxelles, ont vu leurs immunités parlementaires levées jeudi.
Le vote en plénière à Bruxelles fait suite à une demande du Parquet fédéral belge du 16 janvier et survient deux jours après la commission des affaires juridiques du Parlement européen soutenu la motion.
Les deux eurodéputés nient toute implication dans le lobbying illicite prétendument mené par le Qatar par le Maroc.
L’eurodéputé italien Cozzolino n’était pas présent pour le vote mais Tarabella, de Belgique, a voté pour la levée de son immunité.
“Je demande la levée de cette immunité depuis les tout premiers jours de cette affaire afin de pouvoir répondre aux questions des enquêteurs et d’aider la justice à faire la lumière sur cette affaire”, a-t-il déclaré à la presse après le vote.
“Par respect pour les autorités judiciaires et pour le travail de l’enquête, je me suis abstenu de commenter les accusations dans la presse. C’était très tentant d’y répondre, d’autant plus que je suis innocent, mais je ne me suis pas encore exprimé et Je ne le ferai plus aujourd’hui pour réserver la première partie de mes explications au juge. En tout cas, sachez que je n’ai rien à me reprocher”, a-t-il ajouté.
Quatre personnes ont été arrêtées et inculpées pour avoir participé à une organisation criminelle dans le cadre de l’enquête sur le système présumé d’argent contre faveurs au Parlement européen.
Il s’agit notamment de l’eurodéputée grecque Eva Kaili, de son partenaire de vie Francesco Giorgi, de l’ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri et du directeur de l’ONG Niccolò Figà-Talamanca.
Panzeri, qui a précédé Cozzolino à la tête de la commission parlementaire UE-Maroc, a impliqué les deux hommes lors de ses auditions avec les autorités belges depuis son arrestation début décembre, selon un document confidentiel consulté par Euronews.
Il a déclaré à un juge, indique le document, que Cozzolino avait accepté d’essayer d’écraser des résolutions contre le Maroc en échange d’argent et que Tarabella – le vice-président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec la péninsule arabe – avait reçu entre 120 000 et 140 000 € en cash pour soutenir certaines positions en faveur du Qatar.
L’eurodéputée française Manon Aubry, co-dirigeante du groupe de gauche et rapporteur sur les votes, s’est félicitée des résultats des scrutins.
“Avec cette enquête, la justice fait sa part. Mais la politique non. Le président du Parlement et les principaux groupes ont trahi la promesse de réformes ambitieuses faite dans la résolution adoptée en décembre et le “plan d’action en 14 points” présenté à la place de Roberta Metsola est une imposture”, a-t-elle ajouté.