Les dirigeants de l’Union européenne se réunissent aujourd’hui à Bruxelles pour lancer un sommet de deux jours où la guerre de la Russie en Ukraine, l’économie en difficulté, le commerce et la migration sont en tête de l’ordre du jour.
Parmi les propositions sur la table figurera une nouvelle stratégie industrielle pour stimuler la production nationale de technologies vertes et un éventuel paquet de 3,5 milliards d’euros d’aide militaire nouvelle pour Kiev, qui servira de complément à la tranche de 2 milliards d’euros attribué cette semaine.
Les deux plans nécessiteront toutefois de nouvelles négociations avant leur approbation définitive.
La France, en particulier, tient à ajouter l’énergie nucléaire à la liste des projets les plus favorisés reconnus dans le cadre de la stratégie industrielle, une demande qui se heurtera certainement à une résistance farouche de la part de pays comme l’Allemagne, l’Espagne, l’Autriche, le Danemark, l’Irlande et le Luxembourg.
La réunion à Bruxelles intervient quelques jours seulement après que le président chinois Xi Jinping et le président russe Vladimir Poutine se sont entretenus en tête-à-tête à Moscou et se sont engagés à privilégier les liens.
S’adressant à Euronews avant le sommet, le président du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré que le bloc n’était pas “naïf” quant aux liens de plus en plus étroits entre la Chine et la Russie.
Mais, a-t-il noté, le rapprochement ne devrait pas dissuader Bruxelles de s’engager avec Pékin.
“Nous devons nous engager avec la Chine, non pas parce que nous sommes d’accord sur tout avec la Chine, au contraire, mais parce que nous devons défendre nos intérêts et défendre nos principes”, a-t-il ajouté. Michel a déclaré à Euronews.
La Chine n’est pas un point officiel à l’ordre du jour de jeudi, mais la réunion Xi-Poutine devrait être évoquée lors des discussions, en particulier au milieu des craintes croissantes que Pékin puisse fournir une aide létale à Moscou.
Bien que les responsables chinois aient insisté sur le fait que les craintes étaient infondées, les dirigeants européens ont néanmoins mis en garde Pékin contre une telle mesure, la qualifiant de ligne rouge et de cause de sanctions.
“Il est important que la Chine soutienne le droit international, la stabilité à travers la Charte des Nations Unies”, a déclaré Michel à Euronews.
Entretoise de moteur à combustion
Un autre sujet qui ne fait pas partie de l’ordre du jour mais qui est sur le point de peser lourd sur le sommet est celui des e-carburants.
Plus tôt ce mois-cil’Allemagne a pris les diplomates par surprise lorsqu’elle a organisé une campagne d’opposition de dernière minute pour bloquer l’approbation finale d’un projet de règlement qui imposerait une réduction de 100 % des émissions de CO2 pour les voitures et les camionnettes vendues après 2035.
La loi proposée ciblera les émissions détectées au niveau du tuyau d’échappement, ce qui signifie qu’elle interdira effectivement les nouvelles ventes de voitures diesel et essence après la date limite.
Considérée comme l’une des pièces maîtresses du Green Deal européen, la loi est controversée depuis sa création mais a réussi à survivre aux négociations entre le Conseil de l’UE et le Parlement européen, qui se sont mis d’accord sur un texte de compromis qui maintenait intacte l’échéance de 2035.
Les députés européens ont approuvé le projet de loi le mois dernier et ont renvoyé la responsabilité aux États membres, qui devaient approuver leur texte sans faire d’histoires majeures.
Mais à la toute dernière minute, l’Allemagne, qui abrite une industrie automobile de classe mondiale, s’est prononcée contre la loi et a exigé une exemption pour les e-carburants, une technologie émergente qui combine l’hydrogène et le CO2 pour produire de nouveaux carburants pouvant être versés dans les moteurs à combustion conventionnels.
La réticence a choqué les fonctionnaires et les diplomates à Bruxelles, qui y ont vu une trahison du règlement intérieur de longue date.
L’impasse a provoqué une rare intervention du président européen Roberta Metsolaqui a envoyé cette semaine une lettre au Conseil de l’UE avertissant que le blocage “pourrait saper la crédibilité du processus législatif et risquer d’éroder la confiance entre les colégislateurs”.
Malgré les pourparlers entre Berlin et Bruxelles, la question reste non résolue et menace de flotter lourdement sur l’ensemble du sommet de deux jours.
“Il est essentiel que la confiance soit là”, a déclaré un diplomate de haut rang. “Lorsque (les négociations) sont conclues, la présomption est qu’elles n’entraîneront pas de modifications de l’accord politique”
Un autre diplomate a déclaré qu’un accord pour satisfaire les demandes de Berlin pourrait arriver dès la “semaine prochaine”, mais un diplomate d’un autre pays a déclaré qu’il était “possible” que l’impasse se poursuive par la suite, car le nombre de pays qui restent opposés à la mesure serait toujours constituent une minorité de blocage.
L’Italie, la Pologne, la Bulgarie, la Slovaquie, la Hongrie et la République tchèque font partie des pays considérés le plus probable pour résister à l’interdiction proposée, bien que les responsables insistent sur le fait que l’alliance n’est pas claire.