Le changement est radical. Il y a encore quelques semaines, la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis était jonchée de petites installations précaires, installées en face du mur frontalier. Les migrants passaient là leurs dernières nuits sur le sol mexicain avant d’entrer illégalement aux Etats-Unis et de demander l’asile à la police aux frontières (Border Patrol). Désormais, il ne reste que les larges rouleaux de barbelés.

« En février, il y avait encore près de 3 000 personnes qui campaient ici. C’est difficile à imaginer alors qu’on est à peine dix aujourd’hui », remarque Luis (qui ne souhaite pas donner son nom), un Mexicain qui vit depuis novembre 2023 dans ce qui reste de ce campement dans la ville de Matamoros, dans l’Etat de Tamaulipas, à la frontière avec le Texas.

De son côté, le groupe Beta – les agents mexicains qui patrouillent en bateau le rio Bravo pour secourir les migrants – fait le même constat. Samedi 22 juin, leur hydroglisseur n’a pas ralenti une seule fois lors de leur inspection quotidienne sur ce fleuve : « C’est très rare de ne pas croiser quelqu’un qui va risquer sa vie pour passer de l’autre côté. Mais, depuis le début du mois de juin, on dirait que les migrants se sont comme évaporés. C’est Donald Trump qui serait content de voir ça ! », dit en souriant Saul Villareal, qui parcourt ce fleuve frontalier depuis huit ans.

Thème central de la campagne américaine

L’élection présidentielle américaine a, en effet, un impact direct sur le départ des migrants, un thème devenu central dans la campagne. Réagissant aux accusations de laxisme venues du candidat républicain, le président Joe Biden a émis un décret le 4 juin pour fermer la frontière dès lors que 2 500 personnes par jour traversent illégalement la frontière pendant sept jours. Un nombre ridiculement bas face à la réalité du terrain : selon les dernières statistiques disponibles de la Border Patrol, ils étaient plus de 10 000 à la traverser illégalement chaque jour en décembre 2023 pour demander l’asile, et plus de 5 000 en mai.

Une migrante, au centre Senda de vida 2, à Reynosa (Etat de Tamaulipas), le 21 juin 2024. Elle attend son rendez-vous pris avec l’application CBP One depuis plus de quatre mois.

La frontière, fermée dès le 5 juin, n’a pas rouvert. Pour demander l’asile, impossible désormais de se rendre à la police des frontières, sous peine d’être renvoyé dans son pays et interdit de territoire pendant cinq ans. Il faut obligatoirement passer par le système mis en place par l’administration Biden il y a un peu plus d’un an : une application mobile, CBP One, l’acronyme de Customs and Border Protection (« douanes et protection des frontières »).

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