Une voiture qui serait celle transportant Tetsuya Yamagami arrive au tribunal du district de Nara pour son premier procès. A Nara, le 28 octobre 2025.

L’homme qui est soupçonné d’avoir tué par balle l’ancien premier ministre japonais, Shinzo Abe, a plaidé coupable mardi 28 octobre à l’ouverture de son procès pour assassinat, trois ans après les faits survenus en pleine rue qui avaient provoqué un choc à travers le monde.

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Tetsuya Yamagami, 45 ans, est accusé d’avoir tiré sur l’ancien dirigeant japonais à l’aide d’une arme artisanale lors d’un meeting électoral le 8 juillet 2022 à Nara (ouest). Il est poursuivi pour meurtre avec préméditation et infraction à la loi sur le contrôle des armes.

« Tout est vrai, je l’ai fait », a déclaré Tetsuya Yamagami après la lecture de l’acte d’accusation. Il était entré quelques minutes plus tôt dans la salle d’audience du tribunal à Nara, vêtu d’un tee-shirt noir et ses longs cheveux attachés en arrière, escorté par quatre agents de sécurité. Son avocat a toutefois déclaré qu’il contesterait certains chefs d’accusation.

S’il est reconnu coupable d’assassinat, Tetsuya Yamagami risque une longue peine de prison. La peine de mort existe au Japon, mais elle est plus souvent prononcée dans des affaires ayant fait plusieurs victimes. Le verdict est attendu en janvier.

Profonde rancune envers la « secte Moon »

Ce drame avait provoqué une onde de choc dans un pays où les crimes par arme à feu sont extrêmement rares. Le fait que l’assassin présumé en voulait à M. Abe pour ses liens présumés avec l’Eglise de l’Unification, dite « secte Moon », a également provoqué un examen des pratiques de cette organisation religieuse accusée d’exercer des pressions financières sur ses fidèles, et de ses liens avec le monde politique japonais.

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Fondée en 1954 en Corée du Sud par Sun Myung Moon, l’organisation s’est vite mêlée de politique, M. Moon côtoyant aussi des chefs d’Etat étrangers, comme le président américain, Richard Nixon. La secte Moon avait affirmé en 2012 qu’elle comptait trois millions de fidèles dans le monde. Ce nombre serait toutefois largement exagéré, selon des experts.

Tetsuya Yamagami nourrissait une profonde rancune envers l’organisation, qu’il tient pour responsable de la ruine de sa famille après que sa mère lui aurait versé près de 100 millions de yens (environ un million de dollars à l’époque) sous forme de dons.

Une audience préliminaire avait dû être annulée en juin 2023 après la découverte d’un colis suspect dans le tribunal, qui s’est avéré contenir une pétition demandant une peine clémente pour l’accusé.

Mardi, les débats devraient se concentrer sur les circonstances atténuantes liées à l’enfance difficile de l’accusé, marquée par la « maltraitance religieuse » liée à la dévotion de sa mère à la secte Moon, selon des médias locaux. La défense devrait nier tout mobile politique, tandis que le parquet insistera sur la préméditation et la gravité des faits.

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Un ancien camarade de classe de Tetsuya Yamagami, interrogé par le quotidien Asahi, a confié sa difficulté à concilier son souvenir d’un écolier « timide » avec celui du « démon » qui a tué Shinzo Abe, alors âgé de 67 ans.

Législation sur les armes renforcée

L’enquête a révélé des liens étroits entre l’Eglise de l’Unification et plusieurs élus du Parti libéral-démocrate (PLD, droite nationaliste) au pouvoir au Japon, entraînant à l’époque la démission de quatre ministres. Une enquête interne du PLD avait montré en septembre 2022 que la moitié de ses 379 élus d’alors au Parlement avaient des relations avec l’Eglise de l’Unification. En avril, un tribunal a ordonné la dissolution de la branche japonaise de l’organisation, évoquant des « dommages sans précédent » causés à la société nippone.

L’assassinat de M. Abe avait également mis en lumière les failles du dispositif de sécurité, les policiers présents n’ayant pas immédiatement identifié le bruit du premier coup de feu, intervenant trop tard pour sauver l’ancien premier ministre.

Le drame a conduit à un renforcement de la législation sur les armes en 2024. La diffusion de tutoriels sur leur fabrication ou la diffusion d’informations sur leur vente sur les réseaux sociaux est passible d’un an de prison.

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Le Monde avec AFP

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