Odieux assassinat d’un premier ministre populaire ou juste revanche pour une enfance sacrifiée sur l’autel d’une dérive sectaire : le jury du procès de Tetsuya Yamagami, commencé mardi 28 octobre au tribunal de Nara (ouest du Japon), va devoir trancher. Agé de 45 ans, M. Yamagami est jugé pour l’assassinat, le 8 juillet 2022 en pleine campagne des élections sénatoriales, de l’ancien premier ministre Shinzo Abe (1954-2022).
Le procès est très suivi dans l’archipel, dans un système judiciaire où l’accusation et la défense soumettent leurs arguments en amont. D’après la presse nippone, les plaidoiries se résument à une joute entre des procureurs arc-boutés sur la gravité du crime et en quête de la peine la plus sévère possible – la mort – pour le dangereux assassin d’un ancien chef de gouvernement, et une défense qui insiste sur les motivations de Tetsuya Yamagami, mettant en avant une éducation marquée par des « abus religieux ».
En ciblant M. Abe, M. Yamagami, qui admet sa culpabilité, voulait s’en prendre à la Fédération des familles pour la paix mondiale et l’unification (FFWPU, ex-Eglise de l’unification, également connue comme la secte Moon), coupable à ses yeux de la ruine de sa famille. Son père, dirigeant d’une entreprise de construction, s’est suicidé quand il avait 4 ans. Alors qu’il était à l’école primaire, sa mère a rejoint la FFWPU. Au fil du temps, elle a fait don d’environ 100 millions de yens (561 000 euros) provenant entre autres de l’assurance-vie perçue à la mort de son mari et de l’héritage de son père. Ruinée et déclarée en faillite personnelle, elle n’a jamais quitté la secte Moon.
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