Sa voiturette tout-terrain s’approche dangereusement du précipice mais le señor Joseph Giuliani, 73 ans, continue de parler avec les mains sans s’intéresser au volant de son engin. « Jusqu’en 1951, hurle-t-il pour couvrir le rugissement du moteur, il n’y avait aucune route ici, on lâchait les mules et on suivait le chemin qu’elles prenaient. » Tout autour, la brume couronne des vallées tropicales encaissées, piquées de dizaines de milliers de points écarlates, les grains de café prêts pour la récolte, en cette fin septembre.
En quittant son village côtier de Pietracorbara, dans le cap Corse, en 1887, son aïeul Francisco se doutait-il seulement que les terres familiales s’étendraient un jour sur 680 hectares aux confins des municipalités de Yauco, de Guayanilla et d’Adjuntas, dans le sud-ouest montagneux de Porto Rico ?
Ancien comptable, le septuagénaire pourrait se contenter de sa retraite. Mais, « pour faire vivre le souvenir », raconte-t-il en reprenant enfin le contrôle de son véhicule à quelques centimètres du bord de la falaise, il s’acharne à perpétuer la tradition, investit dans la modernisation de son exploitation et rêve d’exporter un jour vers la terre de ses ancêtres ses paquets de café frappés de la Testa mora, la tête de Maure du drapeau corse.
Farmacia Santoni, boulangerie Ricomini
L’île des Caraïbes au statut hybride d’Etat libre associé aux Etats-Unis, considérée comme « la plus vieille colonie du monde », berceau de Bad Bunny, star planétaire choisie pour chanter à la mi-temps de la finale du Super Bowl le 8 février prochain, est aussi la seconde patrie des Corses depuis… 1815.
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