C’est d’une voix solennelle que James Leperlier, président de l’Inter-LGBT, a entamé le traditionnel discours d’ouverture de la Pride. « Aujourd’hui, nous marchons pour marquer l’histoire », a-t-il affirmé, l’air grave. Durant quarante-cinq minutes, de nombreuses associations lui ont succédé pour manifester leur crainte, à un jour du premier tour des élections législatives, d’un fort recul des droits LGBT + si le Rassemblement national (RN) accédait au pouvoir.

L’appel à faire barrage à l’extrême droite avait été annoncé depuis déjà plusieurs jours par l’Inter-LGBT, fédération d’une soixantaine d’associations qui organise la Pride depuis près de vingt-cinq ans. Tout au long du cortège, les appels au vote ont été fortement relayés, tandis qu’entre les chars et les drapeaux multicolores, les pancartes aux messages politiques – tantôt humoristiques, « non à la bardellation, oui à la fellation », tantôt graves, « séropos étrangers-res, le RN vous préfère morts-es » – se multipliaient.

Principale inquiétude, le recul des droits des personnes transgenres, alors que les menaces se sont multipliées ces derniers mois. En mai dernier, Les Républicains ont porté une proposition de loi, soutenue par le RN, visant à interdire la prescription de traitements hormonaux et la chirurgie de réassignation de genre aux mineurs transgenres. Plus récemment, c’est le président de la République lui-même qui s’est attiré les foudres des associations LGBT + en qualifiant de « complètement ubuesque » la volonté du Nouveau Front Populaire de faciliter le changement de genre à l’état civil. En réponse, le slogan de la Marche, cette année, s’en est fait l’écho : « Contre la transphobie, transolidarités ! ».

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« Le contexte est particulier, ça fait peur », témoigne Timaël Elbe, adolescent transgenre de 17 ans croisé à la manifestation. Le lycéen, cheveux bleus d’un côté, roses de l’autre, comme les couleurs du drapeau transgenre, a fait son coming out dans l’année. Il ne comprend pas la volonté de la droite et de l’extrême droite de restreindre l’accès à la transition de genre. « Ça ne les impacte pas et ça ne les regarde pas », dit-il, désarmé. Si le RN arrive au pouvoir, l’adolescent craint ne pas pouvoir transitionner pendant encore des années : « En fonction de ce qui se passe lors de ces élections, mon parcours de vie peut être totalement chamboulé », s’alarme-t-il.

Iris, 21 ans, étudiante en game design et femme transgenre, à la marche des fiertés, à Paris, le 29 juin 2024.

Une inquiétude partagée par Iris, (elle préfère ne pas donner son nom), étudiante transgenre de 21 ans. Dans ses mains, une pancarte appelant à protéger les enfants transgenres. Elle affirme avoir « extrêmement peur » de l’impact que cette interdiction pourrait produire sur la « santé mentale déjà plus fragile des personnes trans ». Pour Iris, la proposition de loi n’a aucun sens : « pourquoi les piqûres d’hormones seraient autorisées seulement pour les personnes cisgenres ? ».

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